« Il est grand temps de rallumer les étoiles »

Et, pour Guillaume Apollinaire,
“Tous les astres intérieurs que l’on avait éteints”.

Ulan-Ude,       la cathédrale orthodoxe Odigitria

Très modestement, je vais essayer d’éclairer un brin votre journée , par une histoire qui, si elle n’était vraie, pourrait sembler un conte ..

Je réalisais enfin mon rêve de mettre mes pas dans ceux de Blaise Cendrars et j’étais “à mille lieues du lieu de ma naissance”,en République de Bouriatie, sur  la rive sud du lac Baïkal,« la mer Sacrée » des Bouriates,anciens nomades mongols à la culture mêlée de chamanisme et de boudhisme.

Mon voyage en transsibérien+ transmandchourien ( Moscou- Pékin)

Fermez les yeux et imaginez :

Je suis à la gare d’Ulan-Udé, après 5 magnifiques journées dans le Transsibérien. C’est un soir de la mi-décembre , il fait… – 32° et tout est blanc.

Et, comme je le fais toujours lors de mes voyages,
je n’ai rien réservé du tout car j’adore l’imprévu.

Un taxi me conduit donc dans un hôtel de son choix : un établissement très certainement luxueux dans les années 70-80 ,quelque peu défraîchi aujourd’hui..

ouf ! Sauvée, l’hôtesse parle anglais !

Je réserve immédiatement un sauna pour le lendemain après -midi ( j’ai vécu en Finlande et j’en connais le rituel et les bienfaits..)

Le sauna se trouve dans les sous-sols et me voilà seule dans un long couloir dont je ne trouve pas la lumière..j’avoue que je suis légèrement impressionnée car l’inquiétant fantôme bolchévique de Lénine rôde là, très présent dans ces murs..

J’aperçois une lueur tout au fond, une porte entrouverte sur une petite pièce et 2 femmes qui m’observent avec curiosité : l’une est russe, l’autre, bouriate de toute évidence.

Le Chien Noir

Quelques minutes de silence..

et soudain, à plus de 6 000 kms de toute “civilisation”moderne, aux confins de la Sibérie, dans ce lieu sombre et intemporel , Maria, la Bouriate, s’adresse à moi dans….un français parfait et sans aucun accent !!

—”Toi, tu es française !” CE n’est pas une question .Une certitude.

—”Oui, je m’appelle Maryse et je cherche le sauna..”

Maria est une petite bonne femme, au visage ridée comme une pomme qui transpire joie, humour et bonne humeur.Elle m’y conduit et je la laisse m’expliquer les rites du sauna que je connais déjà fort bien..

Je suis en pleine forme lorsque j’ai terminé et j’ai l’impression de rêver :

Le couloir est totalement lumineux, les fantômes ont laissé place à une trentaine de joyeuses personnes dans une très belle salle.

Maria  devant la porte avec un grand sourire malicieux:

—”Nous t’avons attendue pour commencer la fête ! Tu as cru que j’étais une employée de l’hotel , n’est-ce pas ? Non, je célèbre ici mes 60 ans avec tous mes amis. Et toi, tu es mon chien noir. “

—”🤔🤔🤔 ton chien noir ???

—”Dans notre culture bouriate, si nous rêvons d’un chien noir, c’est le symbole d’une nouvelle et très belle amitié. Et toi, Maryse, tu es venue de très loin pour être ce chien noir dont j’ai rêvé. Et tu m’apportes en cadeau l’immense plaisir de parler cette belle langue française que j’aime “.

Ce fut alors quelques heures extraordinaires avec tous ses amis, d’innombrables plats savoureux et du champagne à volonté ! 3 personnes parlaient français mais Maria était la seule à s’exprimer parfaitement..

—”Je suis née dans un petit village de 100 habitants, tout en haut du lac Baïkal.Mon père était pêcheur. Nous n’étions pas riches, les hivers étaient rudes mais nous étions heureux. Le régime soviétique avait imposé à l’école l’apprentissage d’une langue étrangère et mon village est tombé sur le français. Tout le village continue à parler le français et cette année ,nous y fêterons le cinquantenaire du français .Je me suis mariée ici et je vis donc à Ulan-Udé”

— ” as-tu rencontré d’autres français ? Comment fais-tu pour continuer à parler si parfaitement ?”

— ” non, tu es la première française que je rencontre, mais je lis beaucoup en français. Écoute ce poème de Verlaine que j’adore et que je t’offre ce soir:

Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon coeur d’une langueur monotone…”

Les émotions véritables se passent de mots… Et toute la soirée en fut emplie !!

Une amitié durable 

À la fin de la fête,Maria me déclara, en riant :

—”on m’avait dit que les français était snobs , mais tu ne l’es pas du tout.Alors,si tu veux, demain, je te ferai visiter ma ville et tu déjeuneras chez moi.Nous cuisinerons ensemble et tu apprendras à préparer une spécialité bouriate “

Bien sûr, cette très belle histoire ne s’arrête pas là.

Et je vous raconterai la suite la prochaine fois..

Dans 15 jours, 🦋🦋…

Shichi-go-san au pays du Soleil Levant

 Célébration des 7 ans de la fille d’une amie

Le Japon est un pays très surprenant car le Moyen-Âge et le XXIème siècle cohabitent joyeusement, selon le quartier de Tokyo que vous visitez.

De très nombreuses traditions continuent à y être célébrées, notamment celles concernant les ancêtres et les enfants.

Et les japonais sont d’ailleurs restés de grands enfants lorsqu’il s’agit de faire la fête ..

Origines de la fête shintoïste Shichi-go-san ( sept-cinq-trois )

C’est le nom de la fête des jeunes enfants qui célèbrent leurs 3 et 7 ans pour les filles et 5 ans pour les garçons.

Elle a normalement lieu le 15 novembre mais les familles célèbrent cet événement à leur convenance, entre septembre et la mi-décembre.

Son origine est très lointaine car elle est née à l’ère Heian, (VIII-XIIème siècle), une époque où les enfants mouraient souvent en bas-âge.

Les enfants de moins de 7 ans étaient alors sous la protection des dieux et n’étaient pas considérés comme des personnes : 

Il fallait donc remercier les dieux de leur permettre de grandir, en les purifiant au temple shintoïste, ainsi étaient-ils désormais hors de danger.

Le choix de chiffres impairs porte bonheur.Encore aujourd’hui, les japonais attachent en effet une grande importance aux jours “fastes ou néfastes ” !

La date du 15 novembre serait ainsi l’une des plus chanceuses du calendrier shintoïste.

Déroulement de la fête 

Filles et garçons de 3 ans portent, pour la première fois, des kimonos.

À 5 ans, les garçons porteront leur tout premier Hakama (kimono masculin). Enfin, à 7 ans, les filles pourront échanger  la corde de leur kimono contre le traditionnel obi.

Ils se rendent dans un sanctuaire Shinto pour y prier Ujigami, la divinité de la famille et reçoivent  le Chitose Ame (bonbon de mille ans), à la forme longue, fine et de couleur rouge et blanche, dans un emballage ayant pour motif une grue et une tortue, symbolisant santé et longévité (selon un vieux dicton, les grues vivent 1000 ans et les tortues 10 000 ans).

À bientôt,dans 2 semaines  …🎌 🥢 ⛩ 

Au pays du Soleil Levant

Me voici en Yukata bleu clair, pour la fête d’OBON

Quitter la Finlande

Je l’ai dit, j’ai aimé la Finlande, plus que tout autre pays étranger et j’ai des milliers de souvenirs heureux, mais le moment était venu pour moi de réaliser mon second rêve d’enfant :

Découvrir l’Asie.

En effet, j’avais une tante qui adorait organiser pour ma cousine,ma soeur et moi, de petites pièces de théâtre “asiatiques” pour lesquelles elles nous déguisait.Je rêvais de ces pays si mystérieux et m’étais promis d’y aller un jour ..

J’ai choisi le Japon.

J’ai d’abord téléphoné à l’Ambassade du Japon qui m’a affirmé que je n’avais aucune chance d’y travailler si je n’étais pas envoyée par une entreprise française…

faisant fi de leurs conseils, je suis partie avec un visa de touriste, un mois de février , sans aucune information supplémentaire..

L’aventure aurait pu tourner court car d’une part ,l’année scolaire japonaise se termine début mars pour reprendre mi-avril, d’autre part ,mes économies ne me permettaient pas de rester longtemps sans salaire dans un pays fort cher par ailleurs.

Un clin d’œil de la Chance

Elle m’a fort heureusement accompagnée tout au long de ma vie et à nouveau à ce moment-là !

Le seul établissement de Tokyo où je pouvais trouver un emploi de professeur de FLE était l’Institut franco-japonais qui m’ expliqua qu’en effet, tous les postes étaient pourvus pour l’année à venir …et me rappeler une semaine après, (un dimanche !!) pour me proposer de commencer le mardi :

Un de leur professeur était subitement rentré en France ,sans le moindre préavis !!

Et c’est ainsi qu’arrivée le 05 février, je commençai à enseigner le 23 .

Avec un visa de touriste qu’il me faudrait transformer très vite ..mais c’est là une autre histoire..

Ainsi que bien d’autres, dont celle de la photo,que je vous raconterai la prochaine fois.

“𝑳’𝒊𝒎𝒑𝒐𝒔𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆 𝒓𝒆𝒄𝒖𝒍𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒔 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒐𝒏 𝒎𝒂𝒓𝒄𝒉𝒆 𝒗𝒆𝒓𝒔 𝒍𝒖𝒊 ” 
𝑨𝒏𝒕𝒐𝒊𝒏𝒆 𝒅𝒆 𝑺𝒂𝒊𝒏𝒕-𝑬𝒙𝒖𝒑𝒆́𝒓𝒚. 

À bientôt,dans 15 jours…🇫🇷 🇫🇷 🇯🇵 🇯🇵