Ne mettez jamais en doute le courage des Bourguignons, ce sont eux qui ont découvert que les escargots étaient comestibles. Doug Larson

Au-delà de ses escargots, de son vin et de sa beauté mondialement reconnue, la Bourgogne renferme également l’un des secrets du développement de l’Europe.
J’avoue n’avoir pas eu le temps de préparer moi-même un article mais j’ai trouvé ceci de très intéressant, (dont j’ai toutefois changé quelques photos au bénéfice de ma voisine, l’Abbaye de Fontenay, XIIe siècle)

@guillaume_ggc

Le rôle fondamental qu’ont joué les moines bourguignons et l’abbaye de Cîteaux dans le décollage économique et technologique de l’Europe

L’Abbaye de Cîteaux est fondée le 21 mars 1098. Les moines cisterciens prônent l’ascétisme et font du travail une valeur fondamentale, en rupture avec la riche abbaye de Cluny toute proche, à laquelle ils reprochent le moindre temps consacré au travail dans la vie quotidienne.

Cîteaux va développer un immense réseau européen : elle sera l’abbaye-mère de plus de 500 monastères, du Portugal à l’Ecosse, de la Provence à la Roumanie. C’est une véritable multinationale pan-européenne.

Mais alors, quel impact fondamental sur le développement de l’Europe ?

Au delà de l’immense influence spirituelle de Cîteaux (& Cluny) sur l’Europe médiévale, l’anthropologue d’Harvard Joseph Henrich montre que les monastères cisterciens ont joué un rôle crucial dans l’apparition des mentalités et techniques préparant la révolution industrielle:

D’abord les mentalités:

plusieurs siècles avant le protestantisme (à l’origine de « l’esprit du capitalisme » d’après Max Weber), les moines cisterciens ont propagé l’éthique de travail dans toute l’Europe sur l’influence des monastères cisterciens en Angleterre : plus un comté comptait de monastères cisterciens, plus ses habitants actuels répondent qu’il faut enseigner aux enfants l’importance de travailler dur.

Ensuite les techniques.

Les moines cisterciens étaient obnubilés par l’innovation agricole et industrielle. Plus de production signifiait plus de ressources à mettre au service de leur œuvre. Chaque année, les moines des abbayes-filles européennes se rendaient à Cîteaux :
Ils en profitaient pour partager leur progrès techniques et agricoles. L’innovation était ainsi disséminée dans toute l’Europe. Et les populations proches des monastères en bénéficiaient car les moines leur enseignaient ces avancées. 
Un exemple concret : c’est dans la forge de l’abbaye bourguignonne de Fontenay que fut inventé au XIIIe siècle le marteau hydraulique, avancée majeure dans l’histoire de la métallurgie européenne

C’est dans les monastères européens du XIIe siècle qu’apparaît le concept de productivité. Les moines ont une vie partagé entre la prière et le travail : (« ora et labora ») prier et travailler.
Améliorer la productivité au travail permet de dédier plus de temps à la prière. L’esprit de production et la valeur travail se développent dans ces monastères.

L’industrie est à l’origine une vision occidentale du monde. 

Ces moines cisterciens n’ont pas fait que prier Dieu : dans toute l’Europe, ils ont semé les graines de la révolution industrielle qui permettra à notre continent de réaliser un décollage économique et technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Le monastère est l’ancêtre de l’usine.

Pour découvrir l’histoire et de très belles Photos de l’Abbaye de Fontenay: http://www.bourgogneromane.com/edifices/fontenay.htm

À bientôt ! 🌺🦋

« Paris, la seule ville au monde où coule un fleuve encadré par deux rangées de livres » Blaise Cendrars 

Cette citation en hommage aux bouquinistes présents depuis 1450 et ignoblement expulsés pour les J.O. 2024, et ce, sans la moindre indemnisation ….

 Mais quelle est l’origine du nom de Paris ?

Notre capitale porterait-elle un nom d’origine gauloise ? Les parisiens, des « Hommes-au-Chaudron »?
Aujourd’hui encore l’origine et la signification de l’ethnonyme Parisii n’est pas établie avec certitude, car le celtique ancien est encore assez mal connu au début du XXIème siècle.
Les Parisi(i) étant un peuple celte , leur nom, comme celui de toutes les nations celtes de Gaule est fort probablement celtique. Le nom doit s’analyser comme Par(i)-sii.
Cette interprétation se base en effet sur l’ancien terme gaulois pario, qui désignait alors le « chaudron ». (Selon le spécialiste du celtique Xavier Delamarre)
Or, nos ancêtres avaient acquis une grande maîtrise dans les fabrications en toile de bronze.
Le nom de l’ancien peuple gaulois des Parisii, demeuré dans Paris, proviendrait donc de ce fameux récipient. Ils se seraient nommés les « Hommes-au-Chaudron ». Ce surnom peut à la fois avoir une portée matérielle (fabricants de chaudrons) et symbolique (synonyme de richesse).

LE CHAUDRON, ustensile central de la cuisine gauloise et celte

À côté des récipients en céramique, la cuisinière gauloise disposait d’un chaudron métallique ou de plusieurs, de différentes capacités. 
Le mot chaudron évoque à chacun l’image d’un récipient en bronze, à fond arrondi, profond, ventru, légèrement resserré sous un col droit, à large ouverture, avec une anse. 
Les chaudrons connus par l’archéologie contiennent de 8 à 80 litres, et quelquefois davantage.
Le chaudron se suspend au dessus du feu par une crémaillère dont la forme n’a pas changé en vingt siècles. 

Plusieurs récits dépeignent des rois ou guerriers gaulois qui avaient pour coutume d’offrir des banquets fastueux, avec des chaudrons bien remplis.
Phylarque (cité par Athénée) rapporte notamment qu’ « un riche galate avait disposé d’énormes chaudrons remplis de toutes sortes de viandes, chaudrons qu’il avait fait forger l’année précédant ces réjouissances et pour lesquelles il avait mandé des artisans de toutes les villes ».

Le chaudron, force magique

Dans la mythologie celtique, le chaudron est un objet qui peut être associé à une force magique, comme celle de nourrir un millier d’hommes, comme le « chaudron d’abondance »du Dagda: 
Le chaudron d’abondance du dieu-druide irlandais Dagda assure le service alimentaire des banquets royaux célébrant les grandes fêtes d’ouverture des saisons du calendrier préchrétien par lequel le roi des dieux Túatha Dé Dánann montrait sa compétence à nourrir l’ensemble de la population irlandaise, de conférer le savoir universel à celui qui goûte son contenu, ou de ressusciter les morts (comme y renvoie une des plaques du chaudron, montrant un être géant plongeant un guerrier dans une cuve).
En 1891 découvert dans une tourbière la presqu’île du Jutland (Danemark), le chaudron de Gundestrup est fait de treize plaques d’argent martelé, combinant des scènes réelles et fantastiques liées entre elles selon un code qui n’a pu être entièrement percé.

Beaucoup de récits anciens font état d’un chaudron magique où les morts retrouvent la vie après y avoir été immergés, où la nourriture ne tarit jamais…
On en a retrouvé dans des tombes avec beaucoup autres objets pour accompagner le défunt dans l’autre monde

Vers une christianisation du chaudron de Dagda : le Graal

Le Saint Graal de la geste arthurienne peut être interprété comme une adaptation chrétienne de ce mythe celte du chaudon, d’où sort de la nourriture à l’infini.

Lorsque Chrétien de Troyes introduit le Graal dans la légende arthurienne (Perceval ou le conte de Graal), il est mention d’un récipient (un plat, un vase ou une coupe) dont le contenu se renouvelle sans cesse. Ce n’est qu’avec Robert de Boron qu’il devient la coupe ayant recueilli le sang du Christ. Un texte anonyme de 1220 fait de ce calice une coupe qui donne jeunesse éternelle et résurrection à celui y boit dedans. On retrouve dans l’évolution de la fonction du Graal, les principales dimensions du chaudron celte : un objet magique apportant abondance et résurrection. On note même le lien fait avec la royauté, puisqu’Arthur n’aura de cesse de le chercher. Or, il échoue, de même que son intention d’établir un royaume pacifique, uni et pérenne.

À bientôt 🧙‍♀️🧙


🌺Pour en savoir plus sur les druides

L’important dans le divorce, c’est ce qui le suit – Hervé Bazin

Le mariage médiéval.

Durant l’Antiquité, la polygamie est de coutume, notamment dans la haute société romaine. Il n’est pas rare de voir un homme épouser plusieurs femmes. Au IIème siècle, les pratiques évoluent et le mariage médiéval devient monogame…sur le papier. En réalité, le concubinage et les relations adultères restent monnaie courante. Même si ces pratiques ne sont pas autorisées par l’Église, elles restent toutefois tolérées.

Jusqu’au XIème siècle, le mariage n’est quasiment pas célébré et la réception n’existe pas. Pour les aristocrates, un simple échange d’anneaux et la remise du douaire par le mari à son épouse (Le douaire représente les biens auxquels l’épouse peut prétendre à la mort de son époux). 

A partir du XIème siècle, la cérémonie du mariage médiéval va totalement évoluer. Le caractère religieux va prendre toute sa place. Le mariage n’a plus rien de privé. Il se célèbre en public devant des témoins. 

Mais c’est au XIIIe siècle seulement que la cérémonie du mariage médiéval va prendre tout son sens. L’union est véritablement célébrée, à l’intérieur de l’église, face à des témoins. Des rituels vont faire leur apparition : la fameuse phrase “je t’épouse par cet anneau”, le cortège nuptial accompagnant les mariés jusqu’à leur domicile.

Le divorce par combat en Allemagne

Le divorce est un droit que nous avons acquis à la fin du XIXe siècle, même si, il y a quelques décennies, il était toujours difficile de se séparer de son mari. Si le mariage a longtemps été considéré comme une union qui ne devait pas être brisée, cela n’a pas toujours été le cas dans l’histoire. Chez les romains ou en Grèce antique, le divorce était limité, mais pratiqué tout de même.

Le mariage au Moyen-Âge est indissoluble. Il n’est en aucun cas possible pour l’un ou l’autre des époux de “divorcer” et de mettre fin à ce mariage. Quelques exceptions existent tout de même, et permettent de mettre fin à une union : l’impuissance de l’époux ne pouvant donner des héritiers au mariage, la consanguinité, un mariage non consenti, ou si le marié souhaite entrer dans les ordres religieux.

Il pouvait également se rompre s’il ne servait plus les intérêts de l’une des deux parties. 

En Allemagne, une curieuse pratique a notamment émergé à cette époque : le « divorce par combat ».

Les couples mariés disposaient généralement d’un mois ou deux pour régler leurs différends avant le combat.
Le duel avait lieu uniquement dans l’impossibilité d’un compromis et d’une réconciliation.

L’homme placé dans un trou, la femme armée d’une massue

Ce curieux rituel résume à elle seule l’étrangeté de certaines pratiques moyenâgeuses : le principe voudrait que le gagnant dudit combat ait le droit de décider si, oui ou non, le divorce pouvait être consacré. Mais ce n’était pas toujours le cas, car le perdant était condamné à mort. « L’homme perdant était reconnu coupable, sorti de son trou et exécuté sur la place de la ville. La femme perdante, placée dans un trou et enterrée vivante », selon le Fechtbuch, manuel de combat rédigé par le maître d’armes allemand Hans Talhoffer en 1467.

Ce manuscrit médiéval illustré semble décrypter chaque étape. Les deux combattants portaient un habit « confortable ». La femme était autorisée à bouger librement, armée d’une « massue » réalisée à base de pierres enveloppées par un tissu, tandis que l’homme, sûrement pour rendre l’affrontement plus équitable, était placé dans un trou laissant dépasser sa taille, et muni d’un gourdin en bois, selon ce manuel, qui mentionne avant tout des conseils. Le combat pouvait se terminer par épuisement ou bien par la mort de l’un des deux combattants, étant donné les armes utilisées.

Mais ces affrontements inégaux et insolites, qui faisaient partie de la grande tradition des « duels judiciaires » de l’époque, ont probablement été peu autorisés, ou seulement dans des cas extrêmes. Il ne reste que peu de traces écrites qui les décrivent. On sait cependant que pour résoudre un différend entre une femme et un homme, celle-ci pouvait volontiers désigner un champion. Mais lorsqu’elle était mariée, cela pouvait être plus difficile de convaincre un chevalier. En tout cas, ces pratiques ont dû évoluer à la Renaissance, notamment avec l’indissolubilité du mariage consacré en 1563 par l’Église.

Joyeuses Fêtes et à l’année prochaine !! 🎄🎄🥂🍾