La Lune pleure aussi, mais le loup ne l’a jamais su. (Ron Israel)

Au fil des siècles, le loup a nourri bien des peurs et il a été bien souvent le sujet des contes et des fables.
Tout le monde connaît « Le Petit chaperon Rouge » de Charles Perrault mais connaît-on la fable « le Loup et le chien » d’Ésope, de Phédre, et enfin du très célèbre La Fontaine, dont la morale est identique:

 « quant à moi, je ne changerais pas ma liberté contre une couronne. »(Phèdre)

Mais chaque région française a également sa légende, semblable à celle de La bête du Gévaudan.
Au XVIllème siècle, un animal mystérieux terrorisa les habitants du sud du Massif Central et fit de nombreuses victimes. On l’appelait la bête du Gévaudan Il s’agissait probablement d’un loup de taille gigantesque.

Voici une autre étrange histoire de loups vécue par un voyageur dans la région des Cévennes, inspirée du roman d’Alexandre Dumas, le meneur de loups.
Un paysan fut appelé pour ses affaires à Montpellier. Il s’y rendit à pieds.
Il était encore à plusieurs kilomètres du village de Saint Martin de Londres où il devait faire étape quand la nuit tomba.

Pour arriver plus vite, il décida de couper à travers un bois de chênes, mais il s’égara. Soudain, il aperçut la lueur d’un grand feu. Il se dirigea vers la lumière et un spectacle hallucinant le cloua sur place :
dans une clairière, des loups étaient rassemblés, assis en rond autour d’un feu. À l’approche du paysan, les bêtes se dressèrent et se mirent à gronder.

Mais soudain, un sifflement retentit et les loups reprirent leur place, calmés. Le voyageur tourna les yeux vers le lieu d’où était venu le sifflement et découvrit un homme qui lui dit :
« N’aie pas peur, ils ne te toucheront pas. Repose-toi puis je te prêterai deux d’entre eux pour te protéger dans la traversée de la forêt. »
Un peu plus tard le paysan repartit vers St-Martin-de-Londres, encadré par deux loups superbes.
À la sortie du bois, il aperçut un mas.
Là, on donna à manger aux loups qui retournèrent ensuite dans la forêt. En bavardant avec les gens du mas, le voyageur apprit qui était l’homme mystérieux qui faisait obéir les bêtes.
C’était Jean, le meneur de loups.

Dans la région, on l’accusait d’avoir fait un pacte avec le Diable.

Proverbes et expressions sur le loup

  •   Avoir une faim de loup : une faim énorme, monstrueuse
  •   A pas de loup : se déplacer sans bruit.
  •   A la queue-le-leu : les loups se suivent de près, en file indienne, lorsqu’ils se déplacent
  •   Quand on parle du loup on en voit la queue : lorsqu’on parle d’une personne, souvent elle apparaît juste à ce moment-là comme si elle nous avait entendue.
  •   A trop crier au loup, on en voit le museau.
  •   Hurler avec les loups : critiquer avec la foule. En fait le loup hurle pour marquer son territoire ou regrouper la meute sur les traces d’une proie.
  •   Connu comme le loup blanc : se dit d’un individu qui ne passe pas inaperçu, qui est connu de tous, comme le serait un loup blanc, bien plus rare qu’un loup gris

À bientôt 🐺🐺

“La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté.” François Mauriac

La lecture de romans et l’écriture à la main sont malheureusement en régression et c’est très triste.

Un simple conte vaut mieux que mille mots pour comprendre pourquoi …

Conte sur la lecture

 « J’ai lu beaucoup de livres, mais j’ai oublié la plupart d’entre eux. Mais alors quel est le but de la lecture ? »
C’était la question qu’un élève a posée une fois à son maître. Le Maître n’a pas répondu à ce moment-là.
Quelques jours après cependant, alors que lui et le jeune élève étaient assis près d’une rivière, il a dit qu’il avait soif et a demandé au garçon de lui prendre de l’eau en utilisant un vieux tamis tout sale qui trainait par terre.

 L’élève a grimacé car il savait que c’était une demande sans aucune logique. Cependant, il ne pouvait pas contredire son maître et, prenant le tamis, il a commencé à accomplir cette tâche absurde.
 Chaque fois qu’il trempait le tamis dans la rivière pour en remonter l’eau à apporter à son maître, il ne pouvait même pas faire un pas vers lui que, déjà dans le tamis, il n’en restait plus une goutte.

 Il a essayé et réessayé des dizaines de fois mais, même s’il essayait de courir plus vite de la rive jusqu’à son maître, l’eau continuait à passer au milieu de tous les trous du tamis et se perdait sur le trajet.

 Épuisé, il s’assit à côté du Maître et dit :
« Je ne peux pas attraper l’eau avec ce tamis. Pardonnez-moi Maître c’est impossible et j’ai échoué dans ma tâche »
 « Non – répondit le maître en souriant – tu n’as pas échoué. Regarde le tamis, il est comme neuf maintenant. L’eau filtrant de ses trous l’a nettoyé. Quand tu lis des livres – continua le vieux Maître – tu es comme le tamis et ils sont comme l’eau de la rivière. Peu importe si tu ne peux pas retenir dans ta mémoire toute l’eau qu’ils font couler en toi, car les livres cependant, avec leurs idées, les émotions, les sentiments, la connaissance, la vérité que tu trouveras dans les pages, nettoieront ton esprit et feront de toi une personne renouvelée. Voilà le but de la lecture. »

À bientôt ! 🖌️📕📰🦋

Le français, ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Léopold Sédar Senghor

Mes étudiants se déclarent tous très satisfaits que je consacre du temps à la prononciation et s’étonnent qu’elle ne leur ait jamais été enseignée auparavant.
Voici un exemple très particulier: 

La terminaison des mots en -aon se prononce-t-elle « a-hon » ou « an » ?

Il existe en français quelques noms, communs ou propres, terminés par -aon. La prononciation de ces trois lettres, qui peut être « a-hon » ou « an », dépend de l’origine de ces noms.

Quand ils viennent, par l’intermédiaire de formes latines en -ao(n), de formes grecques en -aô(n), on fait entendre deux syllabes:

C’est le cas avec le lycaon, tiré du grec lukaôn, un nom dérivé de lukos, « loup ». 
Le latin lycaon désigne un loup d’Éthiopie, le grec lukaôn, qui a pour variante lukanthrôpos, signifie « loup-garou ». Dans la mythologie, Lycaon est aussi le nom du roi d’Arcadie qui fit manger à Zeus de la chair humaine et fut pour cette raison changé en loup.

 Voyons maintenant le machaon : ce grand papillon doit son nom à Machaon, le fils d’Esculape qui soignait les Grecs et combattait à leur côté pendant la guerre de Troie. Notre lépidoptère fut nommé ainsi parce que Linné comparait les papillons aux soldats grecs et troyens : ceux qui sur le corps avaient du rouge, rappelant le sang des vaincus, devaient leur nom à des Troyens ; les autres, à des Grecs. Un élève de Linné, le Danois Johan Christian Fabricius reprit cette méthode et donna à un grand papillon, appelé couramment le « flambé », le nom d’un frère de Machaon, Podalire, qu’il latinisa en iphiclides podalirius, et à un autre, « le grand sélésier », le nom de son fils, Alexanor, papilio alexanor. 

Quant au pharaon, son nom, parti de l’égyptien peraa, qui signifiait « grande maison, palais », puis, par métonymie, « roi », est passé par l’hébreu, le grec et le latin avant de venir chez nous.

Quand ces noms ne sont pas d’origine grecque,
le groupe -aon est prononcé « an ».

C’est le cas avec les toponymes Laon, la ville de l’Aisne, et Thaon, la commune du Calvados célèbre pour son église romane, qui se prononcent donc comme « lent » et « temps ». Notons aussi que la prononciation de Craonne, le village de l’Aisne qui fut entièrement détruit pendant la Première Guerre mondiale avant d’être reconstruit, est « crâne » et non « cra-onne » ; les habitants en sont, phonétiquement, les « crannais » et non les « cra-onnais ».

Il en va de même avec les noms communs faon, paon et taon. S’il arrive que les jeunes lecteurs aient quelques doutes, les adultes s’entendent sur la prononciation du nom de ces animaux, semblable à celle de fend, pend et tend. On peut cependant hésiter parfois quand il faut passer du paon, le mâle adulte, à la femelle et au petit, appelés respectivement paonne et paonneau. Mais, de même que Craonne se prononce comme « crâne », paonne se prononce comme « panne » et paonneau comme « panneau ». 

La prononciation de faon ne pose pas de problème, mais il n’en a pas toujours été de même pour sa définition et son emploi.
Littré, à juste titre, rappelle que le mot faon est, à l’origine, un terme générique qui s’appliquait aux petits de tous les animaux, et qu’on lit dans La Lionne et l’Ourse, de La Fontaine : « Mère Lionne avait perdu son faon. » 
De ce nom a été tiré le verbe faonner, ainsi défini par Littré : « Mettre bas, en parlant des biches et des chevrettes ou femelles de chevreuil. Se dit aussi en parlant de toute autre bête fauve. »
Tout ce que l’on vient de voir explique que ce verbe se prononce donc comme faner. 

Ainsi l’homonymie rapproche deux verbes qui sont deux lointains cousins étymologiques : le premier dérive de faon, le second de foin. Celui-ci est issu du latin fenum, celui-là de fetonem, 
et tous deux remontent à fetus, « enfantement, production, portée » ou, comme l’écrit Littré, « produit de conception », le foin étant proprement le produit du pré et le faon, on l’a vu, étant d’abord le petit de n’importe quel mammifère.

À bientôt! …. 🌺🦋