L’an, comme un cercle rond qui tout en soi retourne, en soi-même revient toujours en mouvement (P.Desportes)

Le Jour de l’An, également appelé jour de la St Sylvestre, est en quelque sorte sacré.

La date du jour de l’an peut varier d’un pays à l’autre selon son calendrier (solaire comme le nôtre) ou luni-solaire (comme le calendrier chinois).

il marque notre destin pour toute l’année à venir

C’est une date de grande superstition où paroles, actes, rencontres, nourriture et dons sont des signes porte-bonheur et chaque peuple a ses codes et ses rites immuables de « passage » pour éloigner le mauvais sort et attirer la chance lors des trois coutumes universelles du nouvel an : 

le réveillon, les voeux, les étrennes. 

Chants, danses, toasts, embrassades se font dans la joie, la lumière et le bruit pour enterrer la vieille année et fêter la naissance de la nouvelle sous les meilleurs auspices. Musique, cotillons,bougies et feux d’artifice ayant toujours eu le pouvoir de faire fuir les mauvais esprits.

« L’an, comme un cercle rond qui tout en soi retourne, 
En soi-même revient toujours en mouvement
Et du point de sa fin reprend commencement 
Courant d’un pied glissant qui jamais ne séjourne. » Philippe Desportes

Le début de l’année n’a pas toujours été le 1er janvier  

En 46 avant notre ère, l’empereur romain Jules César décida que le 1er janvier serait le Jour de l’An. 
Les Romains dédiaient ce jour à Janus, le dieu des portes  et des commencements. D’ailleurs le mois de janvier doit son nom au dieu Janus
Celui-ci avait deux faces, l’une tournée vers l’avant (le futur), l’autre vers l’arrière (le passé).


Sous Charlemagne, l’année commençait à Noël, le 25 décembre. 
Du temps des rois capétiens, l’année débutait le jour de Pâques. Ce n’est que depuis 1622, que le nouvel an est à nouveau fixé au 1er janvier. Une mesure prise par le Pape qui permet surtout de simplifier le calendrier des fêtes religieuses

Le réveillon du nouvel an

La veille du nouvel an, le 31 décembre, jour du réveillon du Nouvel An, est une grande fête destinée à enterrer l’ancienne année et célébrer la nouvelle. On le nomme aussi réveillon de la saint Sylvestre.  Mais qui était donc cet homme au nom d’inspiration forestière ?
Sylvestre fut le 33e pape, de 314 à 335, durant le règne de l’empereur romain Constantin 1er. C’est sous son autorité que furent bâtis les premiers monuments chrétiens dans la capitale de l’Empire.

Que mange-t-on en France à ce dernier repas de l’année ? 

Foie gras, gelée de champagne, huîtres sauce échalote, truffes au chocolat, les plats sont très variés…Mais, bien sûr, toujours accompagnés de champagne !!

Mais pourquoi s’embrasse-t-on sous le gui ??

Il s’agit d’un héritage de traditions et croyances anciennes. 
Les Grecs associaient le gui à Hermès, grand messager de l’Olympe. 
Les Druides le considéraient comme une plante sacrée, aux  propriétés miraculeuses, dont celles de guérir certaines maladies, d’immuniser les humains contre les poisons, de leur assurer la fertilité et de les protéger des méfaits de la sorcellerie. 
Et lorsque des ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt, ils devaient déposer leurs armes et observer une trève jusqu’au lendemain. 
Au Moyen Âge, l’usage voulait que l’on s’offre du gui en prononçant ce souhait « Au gui l’an neuf »

Les Étrennes 

« étrennes », d’un mot rare en latin, « strenia », sans doute d’origine sabine, désigne un bon présage et plus particulièrement un cadeau fait pour apporter un bon présage.
Strenia ou Strenua était le nom de la déesse romaine du Nouvel An, de la purification et du bien-être. Elle avait un temple, avec un bois sacré, près du Colisée, au bout de la Via Sacra. Son culte remonte, dit-on, au roi sabin Tatius,ami de Romulus et qui avait l’habitude d’offrir aux principaux personnages de Rome des rameaux de verveine cueillis dans le bois de cette déesse mystérieuse.
Pour les Romains, la verveine, appelée herbe de Vénus, était une plante sacrée aux pouvoirs magiques et symbole de paix, d’abondance et de santé; par conséquent, en donner à quelqu’un revenait à lui souhaiter de bonnes augures  pour l’année à venir.
Mais, depuis la fin du XIXème siècle, la coutume d’offrir des cadeaux le 1er janvier a disparu au profit de Noël. 
Toufois les facteurs, pompiers et éboueurs présentent traditionnellement leurs vœux en fin d’année et offrent des calendriers, pour lesquels ils reçoivent des étrennes en argent liquide; une manière de les remercier pour leur travail tout au long de l’année. 

Et mes petites étrennes pour les très bons moments qu’ avec vous j’ai connus ou connaîtrai bientôt ..

calendrier des travaux agricoles au Moyen Âge de Jane

À l’année prochaine ! …🥂🍾🍸

« Danser, est-ce taire un cri ? » Rainer Maria Rilke

Pierre Brueghel le Jeune 1592

En cette aube grise et sale du 12 juillet 1518 qui peine à chasser la nuit, Frau Mermette est réveillée par les gémissements de son bébé:

Manger, manger…

Elle s’approche du berceau, prend son enfant dans les bras  « et sort, chancelante dans la nuit et en un décor de famine et de maladies. 
Accrochée à une tringle rouillée, l’enseigne du graveur d’en face grince sous l’effet d’une brise légère. L’épouse du tonnelier a des allures squelettiques de chienne famélique qui retourne au vomi.

Manger… Manger…
Il n’y a plus rien pour s’alimenter chez elle et son mari. »*

Elle se dirige tout droit vers le pont du Corbeau sous lequel coule le Rhin, y jette son nourrison et, sans un regard en arrière, se dirige tout droit vers la place de la Cathédrale de Strasbourg où elle se met à danser.

Seule. Sans musique. Jour après jour, regard vide et levé vers le ciel, elle danse, danse sans pouvoir s’arrêter, malgré ses pieds en sang ..

Mais voilà qu’une personne, puis 10 la rejoignent dans cette danse erratique. Une dizaine de jours après, ils sont une cinquantaine à ses côtés, hommes, femmes, enfants… et bientôt plus de 400 sèmeront la terreur et la mort dans les rues de Strasbourg.

S’agit-il vraiment d’une danse ?
Pourquoi cette transe étrange les a-t-elle saisis?

Rien de gracieux ni de joyeux ! bras et jambes épuisés de mouvements spasmodiques, leurs vêtements trempés de sueur leur collent à la peau et révèlent des corps squelettiques;
Tous ont le même regard vague tourné vers le ciel, leurs cris déchirants comme un appel à l’aide aux dieux..

« ON N’A PLUS RIEN, ALORS ON DANSE. »

Il s’agit d’une danse du désespoir. Une femme, entrée dans le cercle a crié « On n’a plus rien, alors on danse. »
En effet, le clergé terrorise la population et lui fait payer fort cher le rachat de ses péchés, pour éviter l’enfer et l’enterrement dans la partie non bénie de la ville. (scandale des indulgences, qui chassera le catholicisme, remplacé quelques années après par le protestantisme).
Une invasion turque menace.
Strasbourg est victime de plusieurs catastrophes naturelles.

La famine est là. 

Une très étrange solution mise en place par la ville 

Comme l’épidémie s’aggravait, les nobles et le clergé inquiets demandèrent l’avis des médecins .
Ce n’est pas une crise d’épilepsie collective: les danseurs ne bavent pas. 
Ni une crise d’ergotisme (moisissure du seigle, qui produit des hallucinations.
Est alors évoquée une « maladie naturelle », causée par un « sang trop chaud ».

Pèlerinage des épileptiques de Moelenbeek, Bruegel le Jeune, 1592

Les autorités pensèrent en finir en soignant le mal par le mal : ils encouragèrent les danseurs en établissant un marché aux grains et en construisant une scène en bois.
Ils pensaient en effet que les malades ne s’arrêteraient de danser que s’ils pouvaient le faire sans interruption jour et nuit jusqu’à épuisement. Pour améliorer l’efficacité du traitement, les autorités embauchèrent même des musiciens pour maintenir la danse des malades.
Les danseurs furent nourris et le quartier mis en quarantaine pour que cesse la contagion.

2000 des 16 000 strasbourgeois d’alors dansèrent pendant 2 mois. 
Puis, aussi soudainement que ça avait débuté, tout s’arrêta. Sans raison.

La peste dansante

  • Une histoire vraie, très peu connue car longtemps cachée par l’Eglise. Pourtant largement documentée par archives, médecins, et chroniqueurs de l’époque, et même citée par William Shakespeare qui l’a nommée « The dancing Plague »  La Peste dansante
  • Lire aussi ce magnifique et terrible poème de Baudelaire sur la mort la danse macabre 
    « Elle a la nonchalance et la désinvolture
    D’une coquette maigre aux airs extravagants. »
  • * En 2018, Jean Teulé, de sa signature si singulière,  en a fait un roman extraordinaire.

Dansez, c’est ce que l’on peut répondre au désespoir

Pour un zeste de beauté après cette triste et macabre histoire, Strasbourg aujourd’hui.

À bientôt !  ☠️💀

 « On ne boit pas, on donne un baiser et le vin vous rend une caresse » Montaigne

Vendanges – Très Riches Heures du Duc de Berry XVe siècle 

Après la chute de l’Empire romain, la viticulture conserve le prestige qu’elle a acquis durant l’Antiquité, et demeure un symbole social majeur. Premier personnage des cités du haut Moyen Âge, l’évêque s’impose aussi comme le plus important des viticulteurs.

Au Moyen Âge, le vignoble régresse partout en Europe. 

On doit en partie sa survie au travail de culture et de valorisation entrepris par les communautés religieuses

Moine goûtant du vin dans un cellier XIIIe siècle 

Dossier très intéressant sur l’Histoire du Vin

Qu’est-ce donc que la Paulée ? 

La paulée, c’est d’abord une tradition qui nous vient de Bourgogne. Ses origines remontent au Moyen Âge. Les moines de l’Abbaye de Cîteaux qui régnaient en maîtres sur la Bourgogne célébraient la fin des vendanges par un repas bien arrosé où tous les vendangeurs étaient conviés. 

La coutume tombe aux oubliettes­­ à la Révolution française et ne sera reprise qu’en 1923 par Jules Lafon, du domaine éponyme à Meursault

L’appellation Paulée descend du mot Paule en patois qui signifie “pelle”. 

Ce terme fait référence à la dernière pelletée de raisin versée dans le pressoir et donc à la fin des vendanges (la fin de la récolte des raisins dans le domaine).

Ce jour-là, le retour des vignes y est plus agité qu’à l’ordinaire pour signaler la fin du travail des sécateurs et le début des réjouissances.

La paulée, un repas pas tout à fait comme les autres

La Paulée ou le Tue-chien est un banquet offert par le propriétaire aux ouvriers à la fin des vendanges. Un moment de partage où convivialité est le maître mot de la soirée et où l’on partage de doux breuvages et un bon repas.
Repas festif pendant lequel les convives pratiquent ensemble l’art du « bien manger » et du « bien boire » mais aussi le « bien être » ensemble. Les convives célèbrent au cours de ce repas le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature.

Aujourd’hui encore, c’est un repas traditionnel où se retrouvent tous les amoureux du vin et de la vigne. Si par chance vous en faites une, vous y croiserez des vignerons, des vendangeurs, des oenophiles et tous les amoureux de notre passion commune ! 

En général, cet événement a lieu en septembre, une fois les vendanges terminées.
C’est en effet une manière de clore en beauté ce temps fort de l’année. 
À cette occasion chacun apporte son vin, sa pépite, son merveilleux breuvage avec pour objectif de le partager avec les autres invités.

Le repas des paulées traditionnelles consiste en Côte de Beaune en un « pot-au-feu ou civet de lapin avec des flans et des brioches ».
À Nuits-Saint-Georges, on mange de « l’épaule de veau ou de mouton farci, des brioches, du flan à la semoule et des corniottes au fromage blanc », servis à la propriété aux ouvriers viticoles.

 Les Confréries du Vin

Le protocole des Confréries débute par une bénédiction religieuse , depuis les origines médiévales de La Paulée des moines de Cîteaux

Les Trompes du Débuché de Bourgogne, les confréries et mutuelles lors de la bénédiction sainte en la cathédrale Saint-Vincent. Photo J. -M. M

Elles sont nombreuses et portent des noms amusants parfois, comme celles de La Côte Chalonnaise,
la Chanteflûte, ou les Embrasseurs du fin goulot. 
Avec la vente des vins des hospices de Beaune et le chapitre de la plus connue,la confrérie des Chevaliers du Tastevin, la Paulée fait partie des « Trois glorieuses » vigneronnes bourguignonnes.

Et même malgré l’apparition de la machine à vendanger,
il reste encore beaucoup de vignerons qui récoltent à la main. 

La Paulée a donc encore son essence : il s’agit bien chaque année d’une révolution, c’est-à-dire la fin d’un cycle de vigne et le début d’un autre.

Le foulage du raisin 1490 

Qui décide de la date des vendanges ?

C’est dame nature qui le fait savoir en fonction du sol, du millésime et du cépage.

🦋Petite remarque sur l’accent circonflexe:

Il a remplacé le S (souvent devant un T).
Ainsi le mot hôtel s’écrivait hostel et on le trouve encore dans hostellerie 
(😉attention ! ce S est ici synonyme de « prix élevé « )
J’ai parlé des moines de Cîteaux, autrefois Cisteaux, ville où est né l’Ordre religieux des Cisterciens,
qui ont édifié notamment l’Abbaye de Fontenay, XIIe siècle, inscrite au Patrimoine Mondial de L’UNESCO

À bientôt ! 🍷🥂🍾

Initiation à l’oenologie

Très belles photos sur le vin

Les fêtes bourguignonnes viticoles