La lecture de romans et l’écriture à la main sont malheureusement en régression et c’est très triste.
Un simple conte vaut mieux que mille mots pour comprendre pourquoi …
Conte sur la lecture
« J’ai lu beaucoup de livres, mais j’ai oublié la plupart d’entre eux. Mais alors quel est le but de la lecture ? » C’était la question qu’un élève a posée une fois à son maître. Le Maître n’a pas répondu à ce moment-là. Quelques jours après cependant, alors que lui et le jeune élève étaient assis près d’une rivière, il a dit qu’il avait soif et a demandé au garçon de lui prendre de l’eau en utilisant un vieux tamis tout sale qui trainait par terre.
L’élève a grimacé car il savait que c’était une demande sans aucune logique. Cependant, il ne pouvait pas contredire son maître et, prenant le tamis, il a commencé à accomplir cette tâche absurde. Chaque fois qu’il trempait le tamis dans la rivière pour en remonter l’eau à apporter à son maître, il ne pouvait même pas faire un pas vers lui que, déjà dans le tamis, il n’en restait plus une goutte.
Il a essayé et réessayé des dizaines de fois mais, même s’il essayait de courir plus vite de la rive jusqu’à son maître, l’eau continuait à passer au milieu de tous les trous du tamis et se perdait sur le trajet.
Épuisé, il s’assit à côté du Maître et dit : « Je ne peux pas attraper l’eau avec ce tamis. Pardonnez-moi Maître c’est impossible et j’ai échoué dans ma tâche » « Non – répondit le maître en souriant – tu n’as pas échoué. Regarde le tamis, il est comme neuf maintenant. L’eau filtrant de ses trous l’a nettoyé. Quand tu lis des livres – continua le vieux Maître – tu es comme le tamis et ils sont comme l’eau de la rivière. Peu importe si tu ne peux pas retenir dans ta mémoire toute l’eau qu’ils font couler en toi, car les livres cependant, avec leurs idées, les émotions, les sentiments, la connaissance, la vérité que tu trouveras dans les pages, nettoieront ton esprit et feront de toi une personne renouvelée. Voilà le but de la lecture. »
Au-delà de ses escargots, de son vin et de sa beauté mondialement reconnue, la Bourgogne renferme également l’un des secrets du développement de l’Europe. J’avoue n’avoir pas eu le temps de préparer moi-même un article mais j’ai trouvé ceci de très intéressant, (dont j’ai toutefois changé quelques photos au bénéfice de ma voisine, l’Abbaye de Fontenay, XIIe siècle)
Le rôle fondamental qu’ont joué les moines bourguignons et l’abbaye de Cîteaux dans le décollage économique et technologique de l’Europe
L’Abbaye de Cîteaux est fondée le 21 mars 1098. Les moines cisterciens prônent l’ascétisme et font du travail une valeur fondamentale, en rupture avec la riche abbaye de Cluny toute proche, à laquelle ils reprochent le moindre temps consacré au travail dans la vie quotidienne.
Cîteaux va développer un immense réseau européen : elle sera l’abbaye-mère de plus de 500 monastères, du Portugal à l’Ecosse, de la Provence à la Roumanie. C’est une véritable multinationale pan-européenne.
Mais alors, quel impact fondamental sur le développement de l’Europe ?
Au delà de l’immense influence spirituelle de Cîteaux (& Cluny) sur l’Europe médiévale, l’anthropologue d’Harvard Joseph Henrich montre que les monastères cisterciens ont joué un rôle crucial dans l’apparition des mentalités et techniques préparant la révolution industrielle:
D’abord les mentalités:
plusieurs siècles avant le protestantisme (à l’origine de “l’esprit du capitalisme” d’après Max Weber), les moines cisterciens ont propagé l’éthique de travail dans toute l’Europe sur l’influence des monastères cisterciens en Angleterre : plus un comté comptait de monastères cisterciens, plus ses habitants actuels répondent qu’il faut enseigner aux enfants l’importance de travailler dur.
Ensuite les techniques.
Les moines cisterciens étaient obnubilés par l’innovation agricole et industrielle. Plus de production signifiait plus de ressources à mettre au service de leur œuvre. Chaque année, les moines des abbayes-filles européennes se rendaient à Cîteaux : Ils en profitaient pour partager leur progrès techniques et agricoles. L’innovation était ainsi disséminée dans toute l’Europe. Et les populations proches des monastères en bénéficiaient car les moines leur enseignaient ces avancées. Un exemple concret : c’est dans la forge de l’abbaye bourguignonne de Fontenay que fut inventé au XIIIe siècle le marteau hydraulique, avancée majeure dans l’histoire de la métallurgie européenne
C’est dans les monastères européens du XIIe siècle qu’apparaît le concept de productivité. Les moines ont une vie partagé entre la prière et le travail : (« ora et labora ») prier et travailler. Améliorer la productivité au travail permet de dédier plus de temps à la prière. L’esprit de production et la valeur travail se développent dans ces monastères.
L’industrie est à l’origine une vision occidentale du monde.
Ces moines cisterciens n’ont pas fait que prier Dieu : dans toute l’Europe, ils ont semé les graines de la révolution industrielle qui permettra à notre continent de réaliser un décollage économique et technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Cette citation en hommage aux bouquinistes présents depuis 1450 et ignoblement expulsés pour les J.O. 2024, et ce, sans la moindre indemnisation ….
Mais quelle est l’origine du nom de Paris ?
Notre capitale porterait-elle un nom d’origine gauloise ? Les parisiens, des “Hommes-au-Chaudron”? Aujourd’hui encore l’origine et la signification de l’ethnonyme Parisii n’est pas établie avec certitude, car le celtique ancien est encore assez mal connu au début du XXIème siècle. Les Parisi(i) étant un peuple celte , leur nom, comme celui de toutes les nations celtes de Gaule est fort probablement celtique. Le nom doit s’analyser comme Par(i)-sii. Cette interprétation se base en effet sur l’ancien terme gaulois pario, qui désignait alors le « chaudron ». (Selon le spécialiste du celtique Xavier Delamarre) Or, nos ancêtres avaient acquis une grande maîtrise dans les fabrications en toile de bronze. Le nom de l’ancien peuple gaulois des Parisii, demeuré dans Paris, proviendrait donc de ce fameux récipient. Ils se seraient nommés les « Hommes-au-Chaudron ». Ce surnom peut à la fois avoir une portée matérielle (fabricants de chaudrons) et symbolique (synonyme de richesse).
LE CHAUDRON, ustensile central de la cuisine gauloise et celte
À côté des récipients en céramique, la cuisinière gauloise disposait d’un chaudron métallique ou de plusieurs, de différentes capacités. Le mot chaudron évoque à chacun l’image d’un récipient en bronze, à fond arrondi, profond, ventru, légèrement resserré sous un col droit, à large ouverture, avec une anse. Les chaudrons connus par l’archéologie contiennent de 8 à 80 litres, et quelquefois davantage. Le chaudron se suspend au dessus du feu par une crémaillère dont la forme n’a pas changé en vingt siècles.
Plusieurs récits dépeignent des rois ou guerriers gaulois qui avaient pour coutume d’offrir des banquets fastueux, avec des chaudrons bien remplis. Phylarque (cité par Athénée) rapporte notamment qu’ « un riche galate avait disposé d’énormes chaudrons remplis de toutes sortes de viandes, chaudrons qu’il avait fait forger l’année précédant ces réjouissances et pour lesquelles il avait mandé des artisans de toutes les villes”.
Le chaudron, force magique
Dans la mythologie celtique, le chaudron est un objet qui peut être associé à une force magique, comme celle de nourrir un millier d’hommes, comme le “chaudron d’abondance”du Dagda: Le chaudron d’abondance du dieu-druide irlandais Dagda assure le service alimentaire des banquets royaux célébrant les grandes fêtes d’ouverture des saisons du calendrier préchrétien par lequel le roi des dieux Túatha Dé Dánann montrait sa compétence à nourrir l’ensemble de la population irlandaise, de conférer le savoir universel à celui qui goûte son contenu, ou de ressusciter les morts (comme y renvoie une des plaques du chaudron, montrant un être géant plongeant un guerrier dans une cuve). En 1891 découvert dans une tourbière la presqu’île du Jutland (Danemark), le chaudron de Gundestrup est fait de treize plaques d’argent martelé, combinant des scènes réelles et fantastiques liées entre elles selon un code qui n’a pu être entièrement percé.
Beaucoup de récits anciens font état d’un chaudron magique où les morts retrouvent la vie après y avoir été immergés, où la nourriture ne tarit jamais… On en a retrouvé dans des tombes avec beaucoup autres objets pour accompagner le défunt dans l’autre monde
Vers une christianisation du chaudron de Dagda : le Graal
Le Saint Graal de la geste arthurienne peut être interprété comme une adaptation chrétienne de ce mythe celte du chaudon, d’où sort de la nourriture à l’infini.
Lorsque Chrétien de Troyes introduit le Graal dans la légende arthurienne (Perceval ou le conte de Graal), il est mention d’un récipient (un plat, un vase ou une coupe) dont le contenu se renouvelle sans cesse. Ce n’est qu’avec Robert de Boron qu’il devient la coupe ayant recueilli le sang du Christ. Un texte anonyme de 1220 fait de ce calice une coupe qui donne jeunesse éternelle et résurrection à celui y boit dedans. On retrouve dans l’évolution de la fonction du Graal, les principales dimensions du chaudron celte : un objet magique apportant abondance et résurrection. On note même le lien fait avec la royauté, puisqu’Arthur n’aura de cesse de le chercher. Or, il échoue, de même que son intention d’établir un royaume pacifique, uni et pérenne.