“La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté.” François Mauriac

La lecture de romans et l’écriture à la main sont malheureusement en régression et c’est très triste.

Un simple conte vaut mieux que mille mots pour comprendre pourquoi …

Conte sur la lecture

 « J’ai lu beaucoup de livres, mais j’ai oublié la plupart d’entre eux. Mais alors quel est le but de la lecture ? »
C’était la question qu’un élève a posée une fois à son maître. Le Maître n’a pas répondu à ce moment-là.
Quelques jours après cependant, alors que lui et le jeune élève étaient assis près d’une rivière, il a dit qu’il avait soif et a demandé au garçon de lui prendre de l’eau en utilisant un vieux tamis tout sale qui trainait par terre.

 L’élève a grimacé car il savait que c’était une demande sans aucune logique. Cependant, il ne pouvait pas contredire son maître et, prenant le tamis, il a commencé à accomplir cette tâche absurde.
 Chaque fois qu’il trempait le tamis dans la rivière pour en remonter l’eau à apporter à son maître, il ne pouvait même pas faire un pas vers lui que, déjà dans le tamis, il n’en restait plus une goutte.

 Il a essayé et réessayé des dizaines de fois mais, même s’il essayait de courir plus vite de la rive jusqu’à son maître, l’eau continuait à passer au milieu de tous les trous du tamis et se perdait sur le trajet.

 Épuisé, il s’assit à côté du Maître et dit :
« Je ne peux pas attraper l’eau avec ce tamis. Pardonnez-moi Maître c’est impossible et j’ai échoué dans ma tâche »
 « Non – répondit le maître en souriant – tu n’as pas échoué. Regarde le tamis, il est comme neuf maintenant. L’eau filtrant de ses trous l’a nettoyé. Quand tu lis des livres – continua le vieux Maître – tu es comme le tamis et ils sont comme l’eau de la rivière. Peu importe si tu ne peux pas retenir dans ta mémoire toute l’eau qu’ils font couler en toi, car les livres cependant, avec leurs idées, les émotions, les sentiments, la connaissance, la vérité que tu trouveras dans les pages, nettoieront ton esprit et feront de toi une personne renouvelée. Voilà le but de la lecture. »

À bientôt ! 🖌️📕📰🦋

Le français, ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage. Léopold Sédar Senghor

Mes étudiants se déclarent tous très satisfaits que je consacre du temps à la prononciation et s’étonnent qu’elle ne leur ait jamais été enseignée auparavant.
Voici un exemple très particulier: 

La terminaison des mots en -aon se prononce-t-elle « a-hon » ou « an » ?

Il existe en français quelques noms, communs ou propres, terminés par -aon. La prononciation de ces trois lettres, qui peut être « a-hon » ou « an », dépend de l’origine de ces noms.

Quand ils viennent, par l’intermédiaire de formes latines en -ao(n), de formes grecques en -aô(n), on fait entendre deux syllabes:

C’est le cas avec le lycaon, tiré du grec lukaôn, un nom dérivé de lukos, « loup ». 
Le latin lycaon désigne un loup d’Éthiopie, le grec lukaôn, qui a pour variante lukanthrôpos, signifie « loup-garou ». Dans la mythologie, Lycaon est aussi le nom du roi d’Arcadie qui fit manger à Zeus de la chair humaine et fut pour cette raison changé en loup.

 Voyons maintenant le machaon : ce grand papillon doit son nom à Machaon, le fils d’Esculape qui soignait les Grecs et combattait à leur côté pendant la guerre de Troie. Notre lépidoptère fut nommé ainsi parce que Linné comparait les papillons aux soldats grecs et troyens : ceux qui sur le corps avaient du rouge, rappelant le sang des vaincus, devaient leur nom à des Troyens ; les autres, à des Grecs. Un élève de Linné, le Danois Johan Christian Fabricius reprit cette méthode et donna à un grand papillon, appelé couramment le « flambé », le nom d’un frère de Machaon, Podalire, qu’il latinisa en iphiclides podalirius, et à un autre, « le grand sélésier », le nom de son fils, Alexanor, papilio alexanor. 

Quant au pharaon, son nom, parti de l’égyptien peraa, qui signifiait « grande maison, palais », puis, par métonymie, « roi », est passé par l’hébreu, le grec et le latin avant de venir chez nous.

Quand ces noms ne sont pas d’origine grecque,
le groupe -aon est prononcé « an ».

C’est le cas avec les toponymes Laon, la ville de l’Aisne, et Thaon, la commune du Calvados célèbre pour son église romane, qui se prononcent donc comme « lent » et « temps ». Notons aussi que la prononciation de Craonne, le village de l’Aisne qui fut entièrement détruit pendant la Première Guerre mondiale avant d’être reconstruit, est « crâne » et non « cra-onne » ; les habitants en sont, phonétiquement, les « crannais » et non les « cra-onnais ».

Il en va de même avec les noms communs faon, paon et taon. S’il arrive que les jeunes lecteurs aient quelques doutes, les adultes s’entendent sur la prononciation du nom de ces animaux, semblable à celle de fend, pend et tend. On peut cependant hésiter parfois quand il faut passer du paon, le mâle adulte, à la femelle et au petit, appelés respectivement paonne et paonneau. Mais, de même que Craonne se prononce comme « crâne », paonne se prononce comme « panne » et paonneau comme « panneau ». 

La prononciation de faon ne pose pas de problème, mais il n’en a pas toujours été de même pour sa définition et son emploi.
Littré, à juste titre, rappelle que le mot faon est, à l’origine, un terme générique qui s’appliquait aux petits de tous les animaux, et qu’on lit dans La Lionne et l’Ourse, de La Fontaine : « Mère Lionne avait perdu son faon. » 
De ce nom a été tiré le verbe faonner, ainsi défini par Littré : « Mettre bas, en parlant des biches et des chevrettes ou femelles de chevreuil. Se dit aussi en parlant de toute autre bête fauve. »
Tout ce que l’on vient de voir explique que ce verbe se prononce donc comme faner. 

Ainsi l’homonymie rapproche deux verbes qui sont deux lointains cousins étymologiques : le premier dérive de faon, le second de foin. Celui-ci est issu du latin fenum, celui-là de fetonem, 
et tous deux remontent à fetus, « enfantement, production, portée » ou, comme l’écrit Littré, « produit de conception », le foin étant proprement le produit du pré et le faon, on l’a vu, étant d’abord le petit de n’importe quel mammifère.

À bientôt! …. 🌺🦋

Ne mettez jamais en doute le courage des Bourguignons, ce sont eux qui ont découvert que les escargots étaient comestibles. Doug Larson

Au-delà de ses escargots, de son vin et de sa beauté mondialement reconnue, la Bourgogne renferme également l’un des secrets du développement de l’Europe.
J’avoue n’avoir pas eu le temps de préparer moi-même un article mais j’ai trouvé ceci de très intéressant, (dont j’ai toutefois changé quelques photos au bénéfice de ma voisine, l’Abbaye de Fontenay, XIIe siècle)

@guillaume_ggc

Le rôle fondamental qu’ont joué les moines bourguignons et l’abbaye de Cîteaux dans le décollage économique et technologique de l’Europe

L’Abbaye de Cîteaux est fondée le 21 mars 1098. Les moines cisterciens prônent l’ascétisme et font du travail une valeur fondamentale, en rupture avec la riche abbaye de Cluny toute proche, à laquelle ils reprochent le moindre temps consacré au travail dans la vie quotidienne.

Cîteaux va développer un immense réseau européen : elle sera l’abbaye-mère de plus de 500 monastères, du Portugal à l’Ecosse, de la Provence à la Roumanie. C’est une véritable multinationale pan-européenne.

Mais alors, quel impact fondamental sur le développement de l’Europe ?

Au delà de l’immense influence spirituelle de Cîteaux (& Cluny) sur l’Europe médiévale, l’anthropologue d’Harvard Joseph Henrich montre que les monastères cisterciens ont joué un rôle crucial dans l’apparition des mentalités et techniques préparant la révolution industrielle:

D’abord les mentalités:

plusieurs siècles avant le protestantisme (à l’origine de « l’esprit du capitalisme » d’après Max Weber), les moines cisterciens ont propagé l’éthique de travail dans toute l’Europe sur l’influence des monastères cisterciens en Angleterre : plus un comté comptait de monastères cisterciens, plus ses habitants actuels répondent qu’il faut enseigner aux enfants l’importance de travailler dur.

Ensuite les techniques.

Les moines cisterciens étaient obnubilés par l’innovation agricole et industrielle. Plus de production signifiait plus de ressources à mettre au service de leur œuvre. Chaque année, les moines des abbayes-filles européennes se rendaient à Cîteaux :
Ils en profitaient pour partager leur progrès techniques et agricoles. L’innovation était ainsi disséminée dans toute l’Europe. Et les populations proches des monastères en bénéficiaient car les moines leur enseignaient ces avancées. 
Un exemple concret : c’est dans la forge de l’abbaye bourguignonne de Fontenay que fut inventé au XIIIe siècle le marteau hydraulique, avancée majeure dans l’histoire de la métallurgie européenne

C’est dans les monastères européens du XIIe siècle qu’apparaît le concept de productivité. Les moines ont une vie partagé entre la prière et le travail : (« ora et labora ») prier et travailler.
Améliorer la productivité au travail permet de dédier plus de temps à la prière. L’esprit de production et la valeur travail se développent dans ces monastères.

L’industrie est à l’origine une vision occidentale du monde. 

Ces moines cisterciens n’ont pas fait que prier Dieu : dans toute l’Europe, ils ont semé les graines de la révolution industrielle qui permettra à notre continent de réaliser un décollage économique et technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Le monastère est l’ancêtre de l’usine.

Pour découvrir l’histoire et de très belles Photos de l’Abbaye de Fontenay: http://www.bourgogneromane.com/edifices/fontenay.htm

À bientôt ! 🌺🦋