« L’argent n’a pas d’odeur » Vespasien 

Les taxes les plus insolites à travers les siécles

L’ingéniosité des États pour trouver de nouvelles sources de revenus ne data pas de hier et des taxes étranges ont ainsi vu le jour au fil du temps, mais si l’esprit humain est d’une imagination sans limites pour les inventer, il l’est aussi pour les contourner ou les refuser et les impôts les plus injustes ont souvent provoqué des révoltes populaires et de la contrebande. La taxe sur le sel fit tomber trois empires…
En voici quelques-unes:

La taxe sur l’urine  (vectigal urinae) dans la Rome antique 

Rome exhalait de nauséabondes odeurs. Et L’Empereur Vespasien (9 à 79 après JC) était confronté à une dette impériale importante; Il rend alors obligatoire l’usage des latrines publiques et instaure une taxe sur la  excollecte d’urine vendue aux teintureries et aux tanneries.
En effet, l’urine était le seul agent fixant, facilement disponible dans l’industrie de la teinture antique. L’urine qui contient de l’ammoniac, était utilisée comme agent nettoyant pour blanchir les tissus ou comme ingrédient dans le tannage des cuirs.
Certains l’utilisaient également comme dentifrice pour blanchir les dents….

Pecunia non olet : L’argent n’a pas d’odeur

À Titus, son fils, qui trouve cette taxe ignoble, Vespasien lance une pièce d’or et lui demande s’il sent quelque chose.
Celui-ci lui dit non, et Flavien lui répond ironiquement qu’elle vient cependant de l’urine.

Taxes sur le lavage des corps nus sous Cromwell ( XVIe siècle)

Le lavage des corps nus,activité perverse et gaspillage de temps selon lui … Le savon se vit donc taxé à hauteur de 80% de la valeur du produit. Comme les contribuables les plus aisés continuèrent malgré tout à faire leur toilette, cet écot sur la potasse fut assez productif. 
Il ne sera supprimé qu’en 1853 par William Gladstone : « une nation propre est une nation heureuse »

La taxe sur les seins: le mulakaram – Inde XVIIIe siècle

Les femmes des castes inférieures dans l’Inde du XVIIIe siècle doivent acquitter une taxe pour avoir le droit de se couvrir les seins. 
La légende dit qu’en 1803, Nangeli, une femme de la caste Ezhava, trop pauvre pour payer cet impôt se serait  tranché les seins le collecteur des impôts en signe de révolte fiscale.
Cette histoire fit grand bruit, même à l’étranger, si bien le mulak karamp fut finalement aboli en 1812.

 La taxe sur les barbes sous Pierre le Grand XVIIIe siècle

Pierre le Grand, tsar réformateur de Russie (1672-1725), construisit sa capitale Saint Pétersbourg sur les  Elle est construite sur le delta marécageux de la Neva et décida d’occidentaliser son empire.
Il introduit alors  la taxe sur les barbes, pout inciter les hommes à adopter les styles occidentaux et à abandonner les longues barbes traditionnelles. Ceux qui voulaient conserver leur barbe devaient payer une taxe et recevaient un jeton en reçu.

Taxe sur les fenêtres- Angleterre, XVIIe siècle-  France, 1798-1926

Créée en 1696 sous le roi Guillaume III, conçue pour être un impôt sur la fortune mais imposée aux châteaux comme aux chaumières.
Les Anglais au XVIIe oublient toutefois un détail : le terme de fenêtre éteit très vague et une simple aération de garde-manger obligeait à payer la taxe. Les immeubles collectifs devinrent pratiquement aveugles, avec de graves conséquences:
la privation de lumière et de ventilation provoqua la propagation de maladies comme la tuberculose
En France, en:1798, tout propriétaire est taxésur le nombre d’ouvertures de son logement.. Les ouvertures sur cour étant épargnées, ce furent les façades qui perdirent leurs carreaux et se garnirent de fausses fenêtres…et changèrent de visage. La taxe perdura jusqu’en 1926.

Victor Hugo s’écria : « Dieu donne l’air aux hommes, la loi le leur vend ! ».

À bientôt !! 💰💶

« Scrupule. Poids léger qui suffit à faire pencher une balance. » Jules Renard 

Avoir des scrupules et être scrupuleux, nul n’ignore le sens de ces 2 expressions :

  • inquiétude morale provenant de la crainte de commettre une faute
  • Exigence de perfection entraînant corrections et retouches en cas de doute sur un point précis

Mais qui connaît l’origine latine de ce petit mot qui pèse lourd dans nos décisions ? Qui sait qu’il a également plusieurs significations ?

Un scrupulus, petite pierre pointue

🤔 Quelle étrange origine, apparemment sans aucun rapport ! Et pourtant, si !
Les Romains étaient avant tout des guerriers et leurs légions se composaient chacune d’environ 120 cavaliers et de 5000 fantassins.
Des légionnaires en rangs serrés qui marchaient beaucoup et longtemps, jusqu’à 30kms par jour, et chacun portait un équipement de 40 kgs, accroché au bout d’une longue fourche !!
Alors, pour éviter la transpiration et l’apparition d’ampoules, les chaussures  réglementaires de l’armée romaine étaient des sandales cloutèes, les caligae.
Très pratiques et extrêmement confortables…

SAUF SI, soudain,
un petit caillou pointu, un scrupule, venait subrepticement se glisser entre la semelle et le pied…
qui rendait très vite la marche douloureuses voire impossible !

Choix cornélien pour le légionnaire : continuer avec ou sans scrupule ?

Continuer d’avancer avec son scrupule, au risque de se blesser très gravement ou s’arrêter pour ôter son scrupule mais ainsi ralentir et désorganiser la colonne serrée des légionnaires.

C’est donc à un minuscule caillou que l’on doit l’expression : avoir un scrupule 
… et une trés mignonne histoire pour les enfants 

Mais ce n’était pas le seul scrupule des Romains 

C’était également leur unité de mesure et leur plus petite monnaie d’or pesant normalement le poids d’un Scrupule répandue dans tout l’Empire, en Gaule.

Et ensuite, un autre scrupule naquit dans les très anciennes mesures françaises,

on le trouve, comme poids équivalent au tiers d’un Gros, c’est à dire à 24 Grains, soit un peu plus d’un gramme. Cette mesure est restée très longtemps attachée au métier d’apothicaire, ancêtre de nos pharmaciens, qui pouvait alors donner à sa patientèle 1 scrupule de tel ou tel produit, suivant les prescriptions du médecin.

À bientôt !! 🪨

On ne ment jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse.” Clémenceau 

Mettre un bulletin anonyme dans une urne est pour nous un geste familier, mais comment sont nées la démocratie et la République ? 
En ce jour d’élections en France, allons puiser à la source.

Athènes, berceau de la DÉMOCRATIE

Au 8e siècle av. J.-C. est fondée la Cité-État d’Athènes, une cité autonome qui englobe non seulement la ville d’Athènes, mais également les territoires avoisinants. Plutôt qu’être dirigée par un roi, Athènes est alors gouvernée par un petit groupe de puissants aristocrates : c’est ce qu’on appelle une oligarchie.

C’est au cours de cette période oligarchique, ponctuée de quelques épisodes de tyrannies et de crises sociales, que se mettent en place les fondements de la démocratie athénienne.

Le terme « démocratie » vient du grec « dêmos », qui signifie « peuple », et « kratos », qui réfère au pouvoir : la démocratie est donc, littéralement, le « pouvoir du peuple ».

La conception grecque de la citoyenneté est spécifique : héréditaire, elle n’est attribuée qu’à celui capable de défendre la cité par les armes, ce qui exclut de facto femmes, esclaves et étrangers. Parfois, ceux-ci peuvent être naturalisés en cas de catastrophe démographique ou exploit militaire.

Seulement ~ 10 % de la population du territoire d’Athènes fait ainsi partie des citoyens.

Évidemment, la démocratie athénienne, fort différente de nos démocraties modernes, ne s’est pas implantée du jour au lendemain. La mise en place d’un régime politique où l’ensemble des citoyens pouvait participer à la prise de décision était inédite dans le monde grec. 

C’est donc graduellement que les institutions démocratiques ont vu le jour à Athènes.

Du VIII ème au VIème siècle avant J.C., 3 réformateurs vont intaller des mesures politiques et législatives qui favoriseront la participation des citoyens à la vie publique. 

Et le 3ème Clisthène, joue un rôle primordial à la fin du 6e siècle av. J.-C. pour remanier les institutions politiques d’Athènes et permettre la naissance de la démocratie. Clisthène répartit les citoyens en 10 tribus territoriales. De la sorte, tous les citoyens d’une portion de territoire, peu importe leur fortune ou leur naissance, font partie d’une même tribu. Cette réforme affaiblit la puissance de l’ancienne aristocratie et permet véritablement l’isonomie, c’est-à-dire l’égalité de tous les citoyens devant la loi, qu’ils soient riches ou pauvres.

Au début du 5e siècle av. J.-C., Athènes et les autres cités grecques entrent en guerre contre les Perses. Ce sont les guerres médiques (490-479 av. J.-C.).

Le peuple joue un rôle important dans les victoires grecques et, après la guerre, il se fait entendre activement dans la vie publique athénienne. 

C’est après les guerres médiques, au milieu du 5e siècle av. J.-C., qu’a ainsi lieu l’âge d’or de la démocratie athénienne.

Mais, hélas, en 322 av. J.-C., après la mort d’Alexandre le Grand, le pouvoir macédonien, qui a conquis Athènes, impose un régime politique oligarchique.

ROME, berceau de la RÉPUBLIQUE, en 509 av.J.C.

Ce mot vient du latin res publica qui signifie « chose publique » et réfère ainsi aux affaires publiques de la cité gérées collectivement par certains groupes de citoyens autorisées à participer à la vie publique.

En revanche, contrairement à l’Athénien qui, par son statut de citoyen, obtient automatiquement, peu importe sa fortune, tous les droits politiques au sein de la cité, la citoyenneté romaine ne s’accompagne pas de droits socio-politiques communs à tous. 

À Rome, la naissance et la fortune jouent un rôle primordial en ce qui concerne le droit de participer à la vie politique et la possibilité d’occuper des charges publiques.

De ce fait, contrairement au cas d’Athènes, la démocratie n’a jamais été instaurée à Rome. L’ensemble des citoyens n’a jamais réellement pu participer directement à la prise de décisions d’ordre public. Néanmoins, la République romaine est basée sur des institutions politiques qui permettent à certains citoyens de participer à la vie politique.

Comment votait-on à Athènes ?

𝑳𝒆 𝒗𝒐𝒕𝒆 𝒂̀ 𝒎𝒂𝒊𝒏 𝒍𝒆𝒗𝒆́𝒆

Répandu dans tout le monde grec, de la période classique à l’ère hellénistique, le vote à main levée était, par exemple, utilisé à Athènes par les juges lors des procès, pour l’élection des magistrats et la ratifications des décrets. 

 𝑳𝒆 𝒗𝒐𝒕𝒆 𝒂𝒖 𝒋𝒆𝒕𝒐𝒏

À Athènes, les jurés de l’Héliée, le tribunal du peuple qui juge les affaires publiques et privées, exprimaient leur sentence, secrète et sans délibération, en versant un jeton « coupable » ou « innocent » dans une urne. La pratique est attestée dans le monde grec en général. 

𝑳𝒆 𝒗𝒐𝒕𝒆 𝒂𝒖 𝒕𝒆𝒔𝒔𝒐𝒏

Dans l’Athènes classique, c’est un fragment de poterie, appelé ostrakon, gravé du nom d’un citoyen voué à l’exil. Cet ostracisme est voté contre des personages jugés dangereux pour la cité et la démocratie, mais est souvent le fait de jalousies et de rivalités. Ainsi Thémistocle, le héros de la Seconde guerre médique, doit s’exiler après un vote hostile.

𝑳𝒆 𝒗𝒐𝒕𝒆 𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒕𝒂𝒃𝒍𝒆𝒕𝒕𝒆

C’est encore Athènes qui sert d’exemple ici, car de toutes les cités, c’est celle dont on dispose le plus de références texuelles et archéologiques. Au tribunal, dans les années 420, les jurés traçait sur une tablette de cire une ligne longue s’ils étaient favorable à la peine proposée par l’accusateur, courte pour celle suggérée par le coupable.

Si vous souhaitez des renseignements détaillés sur les procédures de vote à Athènes

https://books.openedition.org/momeditions/6423

À bientôt !! 🇫🇷 🗳️