“Je ne puis regarder une feuille d’arbre sans être écrasé par l’univers ” V.Hugo

J’observe avec émerveillement et gourmandise la renaissance des feuilles du cerisier de mon jardin.

Gourmandise, en effet, car j’en cueillerai quelques-unes pour fabriquer un délicieux apéritif, dont je vous confie la recette.

Tout d’abord, vous devez vous procurer une dame-jeanne :

Quel nom étrange dont vous trouverez l’origine sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame-jeanne

Moi, je préfère la légende 

Chassée de son royaume de Naples, la Reine Jeanne vint se réfugier en 1347 dans son comté de Provence en passant par la route de Grasse à Draguignan
Surprise par un violent orage, on lui recommanda de chercher refuge en la demeure d’un gentilhomme verrier, au hameau de « Saint Paul la Galline Grasse ».
Après y avoir passé la nuit, la reine désira visiter les ateliers dans lesquels son hôte fabriquait ses flacons.
Un peu troublé, le verrier souffla si fort dans le mors de sa canne, que la bouteille en cours devint énorme, faisant l’admiration de tous de par sa contenance de plusieurs dizaines de litres. Il décida d’en lancer la commercialisation et baptisa le modèle “Reine Jeanne“, en l’honneur de son inspiratrice. 

La souveraine aurait alors suggéré de préférer le nom de « Dame Jeanne ». 
Pour protéger sa bouteille, le verrier l’habilla d’une clisse en osier.

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Recette du Vin de feuilles de cerises (pour 6 bouteilles)

  • 300 belles feuilles de cerisier, cueillies fin juin
  • 900g sucre en poudre 
  • 6 l de vin blanc
  • 60cl d’armagnac ou cognac
  • 2 gousses de vanille ouvertes

Le tout dans une dame-jeanne, exposée à la lumière, minimum 45 jours ( je laisse ~ 3 mois..).
Ne pas mettre de bouchon, seulement une mousseline qui laissera passer l’air mais pas la poussière.
Remuer de temps en temps pour bien dissoudre le sucre.
Filtrer et mettre en bouteilles stérilisées. 
À l’abri de la lumière,se conserve plusieurs années.

À bientôt…🥂🍸🍒🍃

Le sel de la vie au prix de la sueur et du danger 

“Le visible ouvre sur l’invisible“.  Anaxagore de Clazomènes

L’inspiration s’étant momentanément évaporée sous l’action des événements troublants qui perturbent notre monde,
je vous propose de découvrir les fabuleuses photos et les textes d’une incroyable richesse littéraire qui les accompagnent de :

Jean-Loup De SAUVERZAC, Mon ami le photographe poète du Sel, Infatigable, il parcourt le monde à la recherche du sel.

“Dans l’Athanor de la matière, chaque forme émergée du chaos se souvenant de sa naissance s’interroge sur ses devenirs et rêve à d’autres transmutations. Car la matière est vivante, et toutes ses formes sont les éphémères instantanés d’une tension, d’un mouvement perpétuel de la nature animé par le souffle de l’Anima Mundi. Ces formes, d’apparences ordinaires et inertes, offrent à celui qui sait les regarder la révélation de leurs visages énigmatiques, de leurs danses oniriques, de leurs mystérieuses écritures.”

Je vous laisse parcourir son blog pour découvrir la beauté de ses photos et de ses textes ..

http://sauverzac-photographie.over-blog.com

“Dans les étendues sauvages au long des côtes sauvages du sud Maroc, les ramasseurs de sel récoltent cette substance naturelle qui leur assure de maigres revenus au prix d’un labeur harassant et souvent dangereux. Au gré des marées la mer dépose des nappes successives d’eau salée qui s’évaporent sous l’action du vent et de la chaleur en laissant des croûtes de selqui souvent recouvrent des zones de sables mouvants. Si la croûte de sel durci cède sous les pieds d’un malchanceux c’est une mort lente et horrible qui l’attend. Heureusement ces hommes connaissent par expérience la nature sauvage des lieux de leur récolte et ils savent se méfier de ces pièges.”

“In the wilderness along the wild coast of southern Morocco, the salt gatherers harvest thisnatural substance that ensures their meager incomes at the cost of exhausting and often dangerous work. The tides of the sea deposited successive layers of salt water that evaporate under the action of wind and heat leaving salt crusts that often cover areas of quicksand. If thecrust of hardened salt craks under feet a slow and horrible death that awaits the unlucky. Fortunately these men know from experience the wild places of their harvest and they know be wary of these traps.”

À bientôt…❤️🌹

Les voyages ménagent d’imprévisibles surprises…

Je l’ai raconté déjà, j’ai vécu et enseigné au Japon.

Une période de ma vie dont je garde de magnifiques souvenirs, souvent touchants, parfois drôles et… celui-ci :

Après avoir passé 2 mois dans un “dormitory” et obtenu mon visa de travail, j’avais enfin trouvé ma maison , à 500 m de l’Institut franco-japonais où j’enseignais.
Plus modeste que celles de la photo ci-dessus, mais exactement du même style, adossée à un rocher, et dans une minuscule ruelle, où travaillaient le fabricant de tatamis,le professeur de danse japonaise en kimono, et la musicienne de koto,un instrument de musique traditionnel.

La maison n’avait pas été occupée depuis plusieurs mois et je commençai donc par inspecter minutieusement chaque pièce car nous étions en juin, la saison des pluies, et nombreux sont les insectes qui hantent les lieux inhabités …

Je rêvais de mon premier “ofuro”, bain japonais traditionnel, présent dans toutes ces maisons anciennes….

Mais, au fond de la baignoire,…… Omukade 大百足

Autrement dit, un scolopendre, mille-pattes géant d’une vingtaine de cms..

Comme beaucoup de nuisibles, il apparait à la saison des pluies .

S’il se contentait de se promener dans les maisons, on pourrait -peut-être- apprendre à vivre avec ce charmant animal. Mais il refuse la cohabitation et attaque quiconque ose le déranger. 
Et sa morsure fait 10 fois plus mal d’une piqûre d’abeille ! Et, rarement, provoque une nécrose.
Il faut plus qu’un coup de balai pour le chasser, car le mukade est très territorial !!

Tout cela, bien sûr, je l’ignorais lorsque j’ai découvert ce monstre et j’ai appelé ma voisine, une vieille dame japonaise qui m’en a débarrassée à l’eau bouillante, 
seule solution efficace, semble-t-il…

Les légendes japonaises qui entourent les OMUKADE

Ils sont un symbole populaire parmi les samouraïs de la période Sengoku car ils ne reculent  jamais et sont extrêmement agressifs. On les appelle alors  “yokaï”, monstres des légendes japonaises.

Voici celle qu’une amie me raconta plus tard et que j’ai retrouvée ici.

😉l’occasion pour vous de décrypter le passé simple …Omukade 大百足

Dans cette légende, se retrouvent les 5 éléments de la culture japonaise (terre, eau, feu, air, vide).
Ce monstre géant serait aussi le messager du dieu Bishamon Ten (l’un des sept dieux du bonheur).
Mais Omukade,Yokai de la terre, symbolise également la richesse, puisque “mille pieds”, et il est le protecteur des ressources minières.

Dans la région d’Aichi, existe une superstition pour empêcher la multiplication des mukade:
écrire une phrase avec le nom de Tawara.

😂😂 je n’ai jamais essayé…

À bientôt !! 🐛🐛🐛🐉🐉