« Je ne trempe pas ma plume dans un encrier, mais dans ma vie. »

Et j’écris ici comme le dit Blaise Cendrars, poète et écrivain du XXème siècle.

Comme je l’ai précédemment raconté , sa très célèbre Prose du Transsibérien m’a décidée, à l’âge de 17 ans, à marcher un jour dans ses pas.

J’ai attendu plusieurs années, il me fallait le temps et l’argent, mais j’y suis parvenue, forte de cette citation de mon prof’ de philo :

« Ne renonce jamais à tes rêves, tu pourrais bien te mépriser.« 

Je suis donc partie seule, aux premiers jours d’un mois de janvier, pour une parenthèse magique de 2 mois, en Russie puis en Chine. 

J’aime le froid et la neige.

 Dans les pages qui suivront, tous les 15 jours, je vous raconterai différents moments de ce voyage en transsibérien, de Moscou à Oulan-Oudè, puis en Transmandchourien, jusqu’à Pèkin.

Mais, en attendant, pour que vous puissiez comprendre pourquoi il m’a enchantée,

je vous laisse écouter la PROSE du TRANSSIBÉRIEN, un long poème en prose d’une dizaine de pages et dont je copie ci-après la première strophe:

Blaise CENDRARS y évoque la légende de Novgorode, l’un de ses premiers poèmes, que je vous livre également:

  La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France

En ce temps-là, j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur tour à tour brûlait comme le temple d’Éphèse
Ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences
Du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer………

À bientôt, dans 15 jours…🚞🚃🚃

Même un chemin de mille lieues……

À l’aune d’aujourd’hui, mon pas fut ..minuscule. 

Mais un grand bond dans le passé car ma première contrée « étrangère  » fut Verdun !!😂

Étrangère en effet pour la jeune provençale que j’étais et « à mille lieues du lieu de ma naissance ».

Imaginez un instant un monde sans téléphone : c’était celui de ma jeunesse. (dans les années 75, 1 français sur 7 en possédait un ).

J’étais folle de joie : à 18 ans, j’étais libre,indépendante et dans un pays de neige !

À ce moment-là, il était possible d’être institutrice remplaçante avec un simple baccalauréat et j’avais facilement obtenu un poste dans cette région du Nord-Est, très peu prisée. De lycéenne , je devenais « maîtresse d’école », responsable de classes uniques dans les petites villages alentour.

Tout m’étonnait, m’émerveillait, m’enthousiasmait :

Le splendide appartement de cette vieille dame qui me louait une chambre et qui ,au fil des soirées passées ensemble, me fit comprendre ces guerres dont je n’en connaissais que chiffres sur papier, sujet possible d’examen..

Elle me parla de ce fils unique jamais revenu, de ce mari torturé pour avoir résisté, de ces deuils impossible à faire tant ils étaient l’inique conséquence d’une impossible barbarie.

Elle était juive.

Mais elle me fit partager également son immense culture : j’étais une gamine instruite, j’avais étudié le latin, le grec, la littérature,la philosophie, elle me fit découvrir les émotions de l’Art, elle me raconta la Peinture et la Musique.

Elle était pianiste

  Elle  me fit grandir…

La suite dans 15 jours …🦋🌺

  • J’utilise le passé simple et vous devez le connaître pour lire .En effet, même les romans les plus ordinaires, comme les policiers, l’utilisent toujours.                                                                                                                  Je vous l’expliquerai une prochaine fois.
  • à l’aune de  : by reference to 

L’aune était le nom donné à un bâton servant d’outil de mesure des tissus, jusqu’en 1834.

De là, l’expression « à l’aune de  » =  Par rapport à, en fonction de

mesurer, juger à l’aune de…

  • « À mille lieues du lieu de ma naissance  » de Blaise Cendrars, poète -écrivain, dans  » la prose du Transsibérien « . Une lecture qui influença ma vie..