Nous l’utilisons tous les jours mais que savons-nous de l’@, autrement l’arobase, (at) ?
Qu’est-ce donc que cet étrange @ ? C’est un logogramme ! Un logogramme est un graphème unique pour signifier un mot entier.
Arobase, arobas, arrobe, escargot… en français comme dans toutes les langues la forme de l’@ lui vaut des appellations aussi fantaisistes qu’évocatrices. Du shtrudel israélien à l’apestaart (queue de singe) hollandais en passant par le snabel a (trompe d’éléphant), le kanelbulle (bâton de cannelle) suédois, ou le chiocciola italien.
Sa connotation est toujours positive.
Son histoire
L’arobase n’est pas né avec le langage informatique. Certes, c’est en 1972 que Ray Tomlinson, inventeur du courrier électronique, lui apporte la célébrité en le choisissant comme « séparateur » d’adresse e-mail. Il choisit ce logogramme @ justement parce qu’il est quasi absent de tous les alphabets traditionnels. Il lui fallait un symbole unique et universel pour remplir cette fonction.
En fait, les origines de l’arobase sont différemment repérées selon les sources
L’origine du signe est la ligature (fusion de deux caractères consécutifs) par les moines copistes du ad latin (à ou vers en français, at en anglais) où le a et le d cursifs ont fini par se confondre, le d s’enroulant autour du a. Le linguiste Berthold Louis Ullman, à qui l’on doit cette hypothèse, date son apparition au VIe siècle.
Le mot arobase serait, quant à lui, la déformation de « a rond bas (de casse) », c’est à dire a minuscule entouré d’un rond.
L’utilisation de ce signe par les moines copistes résulte d’une nécessité de gain de place sur les manuscrits, ainsi ils ont transformé les deux lettres du très utilisé mot « æ » en un seul symbole. À partir du VIIe siècle, ce symbole était utilisé pour symboliser une unité de poids et de mesure appelée l’amphore, retrouvé dans les livres de comptes des marchands florentins.
Le linguiste Berthold Louis Ullman, à qui l’on doit cette hypothèse, date son apparition au VIe siècle.
D’autres pensent que « arobase » viendrait de l’arroba (en castillan et en portugais), de arrova (en catalan), représentant une unité de mesure (allant de 11,5 à 15 kg) en usage en Espagne et au Portugal, mesure symbolisée par l’@.
Ou encore d’un terme arabe signifiant « le quart », représentant un quart de quintal, soit 25 livres, (équivalent à 11,5 kg et 12,5 kg en Aragon). L’arobase servait alors aussi d’unité de volume pour les liquides dont la quantité variait selon les provinces.
On retrouve de façon certaine l’Arroba en Espagne dès 1088
L’arobase s’est réellement répandu au XIXe siècle, lorsque les États-Unis ont commencé à l’utiliser pour noter le prix unitaire des marchandises, remplaçant le mot « at » (à), qu’ils lisent d’ailleurs toujours de la même manière aujourd’hui, notamment dans les adresses mail ou pour donner la localisation d’un concert par exemple (live @ New York). Ainsi, au XIXe siècle, il était courant de trouver aux États-Unis des écriteaux renseignant du prix des marchandises tel que « @ 20 $ ». C’est pour cet usage comptable que ce signe est apparu sur les claviers des machines à écrire américaines dès 1885.
Renaissance en 1971
Ray Tomlinson, l’inventeur de l’e-mail, cherche un signe pour séparer les 2 parties de l’adresse e-mail.
« J’ai simplement passé en revue le clavier pour en trouver un qui n’apparaisse dans aucun nom propre, afin de ne pas créer de confusion« .
Son choix s’arrête sur le @, qui se trouve sur la touche P de son ordinateur et qu’il actionne par le raccourci Shift + P
Il a alors l’idée de l’utiliser comme séparateur dans les adresses électroniques, car il ne figure dans aucun alphabet et donc dans aucun nom propre ni aucun nom de domaine.
Finalement
Quoi qu’il en soit, le nom français préconisé par la délégation générale à la langue française pour ce caractère est le terme arrobe.
Le monde universitaire et informatique à l’origine de son expansion mondiale parle plus volontiers d’arobase, terme qui, en français, semble le plus employé.
À bientôt ! @@@