J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse – Rimbaud

clochettes muettes qu’Apollon a fait naître pour offrir à ses neuf nymphes un tapis parfumé et doux à leurs pieds nus.

La campanologie, ou l’étude des cloches, montre que la cloche est l’un des plus anciens instruments sonores connus. 
Instrument universel dont la longue portée acoustique sert à communiquer au loin, soit avec des hommes, soit avec des dieux.
Longtemps en effet ,qu’il s’agisse de croyances païennes ou chrétiennes, les hommes ont cru, plus ou moins confusément, que les cloches avaient une âme et une voix divine.
Pour maîtriser le temps en le mesurant et pour conjurer l’angoisse plus forte de la mort, l’homme a attribué aux cloches un pouvoir magique ambivalent, entre menace et protection.

Les cloches sonnent depuis plus de 8000 ans… dans le monde entier.

Elles sont apparues au Néolithique, lorsqu’après avoir découvert le feu, l’homme a appris à durcir l’argile et constituer ainsi un vase sonore en le percutant.
Les premières cloches métalliques remontent à l’âge du bronze, et l’on a retrouvé les plus anciennes mentions en Chine il y a 6000 ans, mais également en Amérique du Sud, au Japon, en Corée où l’on voit la plus grande cloche bouddhiste conservée à ce jour.

Chez les Grecs, les cloches étaient déjà très appréciées pour le son qu’elles produisaient, mais également pour la sécurité de l’âme qu’elles apportaient.

Dans l’Antiquité romaine, un tintinnabulum était un objet muni de clochettes, répondant à différents usages : annonce de l’ouverture des bains et des marchés, avertissement (au cou des condamnés, des têtes de bétail, clochettes à vent), instruments de musique (grelots);
accrochés à un sanctuaire, un jardin ou une maison, ou agités à la main, les tintinnabulaservaient t à guérir des malades, apaiser la colère des dieux, conjurer le mauvais sort et détourner les influences maléfiques

♦️ le verbe tintinnabuler vient de ce mot latin : produire un son léger aux harmonies aiguës et cristallines, comme par exemple, 

風鈴Furin : les clochettes du vent au Japon tintinnabulent délicatement au moindre souffle de vent .

En Gaule, l’usage des cloches s’est ensuite répandu au fur et à mesure de l’implantation des cités construites par les Romains et ont remplacé peu à peu l’usage du simandre (plaque de bois frappée avec un maillet). 
Elles étaient fondues ou battues, c’est-à-dire en bronze ou en fer.

Comme les romains, les chrétiens firent de la cloche un symbole d’appel et de ralliement dans les églises, d’avertissement à l’extérieur et Charlemagne les généralisa.

La tradition veut que ce soit l’évêque saint Paulin de Nole (353-431) qui ait installé les premières cloches dans les églises. Nole est une ville de Campanie qui donna son nom aux cloches (campana). 

Le mot cloche, par contre, vient « du bas latin clocca, attesté en 550 dans le domaine anglais et importé sur le continent par les moines irlandais évangélisateurs de l’Europe »).

Les fondeurs de cloches sont des moines. Toutefois, dès le VIIIe siècle, de fondeurs itinérants laïcs apparurent. Ces fondeurs ou « saintiers » se déplaçaient pour effectuer le travail sur place et éviter le travail d’acheminement des cloches. De grandes voitures amenaient personnel et matériaux sur le lieu de la coulée.

Mais il faut attendre le XIIIe siècle pour que les progrès de la technique permettent d’en fondre de grande taille : la plus grosse cloche actuelle en France est la Savoyarde, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, avec ses 19 tonnes. On les appelle aussi bourdon, à cause de leur son grave.
Et, bien sûr, il y eut les sonneurs de cloches, métier qui nécessitait une véritable savoir: il faisait sonner le bourdon pour les heurs, volée de cloches pour baptêmes et mariages,  le glas pour les décès et le tocsin pour sonner l’alarme .

Victor Hugo a fait de l’un d’eux , Quasimodo, le personnage principal de son roman Notre- Dame de Paris.

Sur les anciennes cloches d’église, on trouve souvent ce message écrit .

« Je pleure les morts, je brise le tonnerre, j’annonce les vacances, je réveille les paresseux, je disperse les vents, j’apaise les querelles. »

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 Le conte, une trêve au combat des hommes.  Daniele Pennac 

J’aime les contes et les légendes : ils portent en eux une sagesse de l’être humain, l’étude de l’homme même, et l’idéalisation d’une impression, forme effacée ou altérée de quelque souvenir collectif ou de faits historiques, à ce point même « qu’ils sont la seule histoire des premiers âges ».

On parle beaucoup de Blanche-Neige en ce moment mais sans s’intéresser vraiment à sa très belle histoire qu’il serait dommage de défigurer.
J’ai donc cherché à la connaître mais je reconnais m’être contentée de copier le passage suivant : 

“Blanche Neige et les Sept Nains », le tout premier film en animation traditionnelle de Walt Disney sorti en 1937.

Il était une fois un producteur de cartoons qui désirait créer quelque chose d’inédit dans le monde de l’animation, quelque chose de grand…

C’est en 1934 que Walt Disney commença à parler de son projet de long métrage d’animation à ses artistes, il choisit pour cela d’adapter le merveilleux conte des frères Grimm, Blanche Neige et les Sept Nains. Cela faisait longtemps que Walt Disney voulait adapter ce conte à l’écran. En 1916, il découvrit au cinéma une version muette du conte avec Margerite Clark dans le rôle de Blanche Neige. 

C’était le premier film qu’il vit au cinéma et celui-ci le marqua à jamais.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, Blanche Neige et les Sept Nains n’est pas le premier long métrage d’animation jamais réalisé pour le cinéma, mais le quatrième.
Il est toutefois le premier réalisé en animation traditionnelle (décors peints et celluloïds).

Après trois années remplies de craintes et de doutes (tout l’argent des studios était parti dans ce projet), la production de Blanche Neige et les Sept Nains était terminée. Le film fut présenté en avant-première le 21 décembre 1937 au Carthay Circle Theater de Los Angeles. Toutes les célébrités d’Hollywood se déplacèrent pour découvrir l’œuvre majeure d’un homme que l’on considérait déjà comme hors du commun.

Blanche-Neige aurait-elle réellement existé ?

“Il n’y a pas de plus beau fil que celui des fileuses de lune. »
Comme tous les conteurs, les frères Grimm, au début du XIXe siècle, se sont souvent  inspirés d’histoires réelles.
Et voici qui résonne de manière fort troublante :

Il était une fois, au XVIème siècle, une petite fille noble, Margaretha von Waldeck qui perdit sa maman alors qu’elle n’avait que 4 ans.
Son père, le comte de Waldeck-Wildungen, protestant influent du Saint-Empire romain germanique, alors en proie à de graves conflits religieux, se remaria trés vite avec Katharina von Hatzfeld, aristocrate catholique connue pour sa beauté mais fort cruelle avec l’enfant qui grandit sous sa méprisante autorité. 

La « méchante reine » aurait-elle été jalouse de Margaretha devenue une merveilleuse jeune fille à la peau de porcelaine, aux lèvres vermeil et aux cheveux d’un blond éclatant ?

À 16 ans, elle fut enfin libérée de l’emprise de sa marâtre car son père décida de l’envoyer parfaire son éducation à la cour raffinée de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, qui gouverne les Pays-Bas espagnols.
Il espérait ainsi renforcer ses relations avec la dynastie la plus puissante de l’époque et permettre un beau mariage pour sa fille.
Philippe II, fils de Charles Quint, prince du sang et héritier du trône, tomba immédiatement sous le charme de Margaretha et une très belle histoire d’amour naquit entre les deux jeunes gens.

Merveilleuse mais, hélas, impossible. Margaretha était protestante et d’un rang trop inférieur pour devenir l’épouse de l’empereur catholique, futur roi d’Espagne.
Et la fin fut tragique : à 21 ans, la jeune fille fut emportée en quelques jours par une mystèrieuse maladie… si subite et si étrange que certains l’attribuèrent à un  empoisonnement, sans doute à l’arsenic… Son testament, rédigé d’une main tremblante, alimenta les soupçons.

Assassinat politique ? Par sa belle-mère ? Nul ne le saura jamais.

La marâtre, la jalousie, la beauté, le poison, la mort qui rôde, quelle troublante ressemblance avec Blanche-Neige et… les 7 nains.

Oui, les 7 nains entourent également la jeune Margaretha !

En effet, son père exploitait des mines de cuivre où travaillaient de nombreux enfants regroupés par groupe dans des maisons dédiées. Les conditions de travail dans les galeries basses étaient telles qu’ils étaient atteints de déformations et de retards de croissance, si bien que ces jeunes mineurs étaient appelés « nains ».

Les Bruxellois sont convaincus que la « vraie » Blanche-Neige repose sous leurs pieds. En effet, Margaretha von Waldeck a sans doute été inhumée au couvent des Récollets ou dans l’église, sous la place de la Bourse actuelle. Mais 10 000 inhumations furent enregistrées chez les frères Récollets et sa dépouille n’a pas été retrouvée.

À bientôt ! 🍎🍎🍎

« L’amour est un phœnix qu’on ne prend pas au piège. » Érasme

Phœnix, un oiseau mythique immortel doté de pouvoirs magiques et connu pour sa capacité à se régénérer, est devenu un symbole durable d’espoir, donnant à l’humanité la chance de se débarrasser de son ancienne vie et de recommencer avec les avantages physiques de la jeunesse et de la sagesse d’avoir vécu mille vies.

Ce symbole de vie, de changement et de renaissance fait l’objet de légendes, de religions et de philosophies depuis des siècles et a inspiré conteurs et artistes du monde entier.

Le phœnix présente des similitudes avec des créatures d’autres cultures comme le Garuda, mi-homme mi-aigle de la mythologie hindoue, l’oiseau de feu russe, le paskunji de Géorgie, le simorgh de Perse et le Me byi karmo du Tibet.
Dans le christianisme, le phœnix est souvent considéré comme analogue à la résurrection de Jésus-Christ, lui-même mort sur la croix et ressuscité 3 jours plus tard.

Selon l’historien grec Hérodote (484 à 425 av. J.C.), les prêtres d’Héliopolis  affirmaient que le phœnix vivait 500 ans. A la fin de sa vie, l’oiseau construisait un bûcher. Sa progéniture émergeait de ses cendres et s’envolait. Les Grecs croyaient que le phœnix ne mangeait jamais de fruits. On pensait que l’oiseau ramassait de la myrrhe et de la cannelle pour préparer le nid qui deviendrait son bûcher.

PHŒNIX et la Métempsychose 

De la Grèce antique à l’Égypte ancienne, en passant par l’Inde millénaire, la notion de réincarnation, vieille comme le monde, épouse différentes formes.
C’est principalement dans le monde grec antique que fleurit, à partir du VIe siècle av. J.C., la notion de réincarnation et de métempsychose (qui signifie littéralement « transmigration des âmes »). Mais l’idée, en soi, ne serait pas grecque. Sans qu’on en connaisse l’origine exacte, il semble qu’on en ait déjà débattu en Égypte et en Mésopotamie. Pour être plus précis, les Égyptiens, eux, parlent de transformation des morts, surtout en oiseaux, dont le phœnix…

L’hypothèse de la réincarnation traverse ainsi les religions animistes, chamaniques ou primitives.

Phœnix trouve son origine dans l’Égypte ancienne.

En égyptien ancien, on le nommait Bennu, lié au mot « weben » qui signifiait s’élever ou briller de mille feux, et était représenté par un hiéroglyphe représentant un héron

« Le Bennu vivait au sommet des pierres de ben-ben (pierres sacrées du temple solaire d’Héliopolis) ou d’obélisques et était vénéré aux côtés d’Osiris et de Râ. L’oiseau solaire apparaît sur les anciennes amulettes comme un symbole de renaissance et d’immortalité, et il était associé à la période des crues du Nil, apportant une nouvelle richesse et une nouvelle fertilité. »

Selon la légende, Phœnix était immortel et vivait à l’origine au paradis.
Un jour, Phœnix se lassa et désira une nouvelle vie. Il se rendit alors dans le monde des mortels régi par la vie et la mort. Mais il réalisa qu’il ne pouvait pas mourir et souhaita se renouveler tous les mille ans.
Il construisit son nid, s’y installa et attendit l’arrivée du dieu soleil Ra. Lorsque celui apparut sur son char à travers le ciel, Phœnix se mit à chanter pour attirer son attention et Ra, subjugué par cette mélodie, s’arrêta et fit tomber une étincelle de son char qui enflamma le nid et l’oiseau. Mais, 3 jours après, ses pouvoirs magiques d’immortel le firent renaître de ses cendres.
C’est ainsi que Phœnix put continuer à vivre dans notre monde, en répétant son cycle de mort et de renaissance tous les mille ans.

Dans la mythologie chinoise, oiseau sacré mythique avec le dragon

Il s’appelle Feng-Huang, semblable à un paon avec un cou mince et une longue queue orange et rouge ardent. Au Japon, on l’appelle Ho-Oo.

Selon la légende, tandis que l’empereur Tang Xuanzong élevait un dragon chinois sous la dynastie Tang, un phœnix a existé sous la dynastie Zhou

Un jour, le pays Zhan Tou offrit au roi un jeune phœnix, transporté dans un splendid char, décoré de pierres de jade de cinq couleurs et tiré par un éléphant rouge. À son arrivée à Hao, capitale de la dynastie, près de Xi’an dans la province du Shaanxi, il fut relâché dans le jardin royal des oiseaux rares, et nourri quotidiennement de sirop doux et de graines succulentes.
Ses plumes n’étaient pas vraiment belles , mais lorsque le roi Cheng de Zhou accomplit la cérémonie de sacrifice aux cieux  sur le Mont Taishan, ( « la montagne du monde » ), les plumes du phoenix devinrent couleur de feu. Tous les oiseaux cessèrent alors de babiller et se soumirent à cet oiseau divin.

Mais à la mort du roi, le phénix disparut à jamais.

La dynastie Zhou était une époque où dieux et gens ordinaires vivaient ensemble, d’où un tel miracle, selon le roman L’Investiture des dieux (封神演义) 

 Un phœnix a également été la première image représentée sur le grand sceau des États-Unis d’Amérique nouvellement nés en 1782 après la guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne. Il fut remplacé plus tard par celui d’un aigle devenu un symbole américain.

Phœnix au XXI ème siècle

Et, parce qu’il est immortel, on le retrouve dans de trés nombreuses mangas actuelles et dans le très célèbre Harry Potter
Les larmes des phœnix guérissent tous les maux. Ainsi, c’est Fumseck qui sauve Harry lorsque ce dernier se fait mordre par le basilic (qui possède un venin extrêmement mortel) dans Harry Potter et la Chambre des Secrets.

À bientôt ! 🐦‍🔥🐦‍🔥