Et Hercule créa Semur-en-Auxois

Je me devais de parler aujourd’hui de ma petite ville médiévale Semur-en-Auxois en Côte-d’Or  et de sa légende car elle a été sélectionnée pour représenter la région Bourgogne-Franche-Comté dans l’édition 2025 de l’émission « Le Village Préféré des Français », de Stéphane Bern.
Cette compétition annuelle met en lumière 14 villages français:

Pour découvrir Semur 

Sine Muros

Le nom de Semur-en-Auxois provient de sine muros, qui signifie « vieille muraille » puisqu’une enceinte y fut dressée dés 722 pour protéger le castrum (ville fortifiée). Ses habitants sont des Sinémuriens ou Semurois.
La ville se dresse sur un éperon rocheux de granit rose, résurgence du massif granitique du Morvan tout proche, dominant la vallée de l’Armançon. La position dominante du lieu en fait un site naturellement défensif très tôt investi par les hommes ! Occupé dès le néolithique, le site fut délaissé à l’époque gallo-romaine au profit du plateau d’Alésia tout proche. Il fallut attendre le Ve siècle pour que la vie y revienne et qu’une première chapelle soit construite.

Le plan de la ville prend la forme d’un huit. Le point de rencontre des deux boucles est occupé par le donjon qui défendait l’accès au castrum, situé sur la pointe de l’éperon rocheux, cœur politique et religieux de la cité. 
L’autre boucle est appelé Bourg Notre-Dame, c’était le cœur des activités économiques, le lieu de résidence et de travail des commerçants, entouré plus tard d’une seconde enceinte.  

Semur-en-Auxois est classé « Site patrimonial remarquable ». Elle regorge de vestiges architecturaux de toutes les époques : remparts fortifiés, ponts, maisons à colombages, hôtels particuliers du XVIIIe siècle, maisons de vignerons, ruelles pavées, sans oublier son donjon et sa collégiale Notre-Dame, église gothique du XIIIe siècle, qui domine le paysage et s’affiche sur toutes les cartes postales.

La légende d’Hercule à Semur-en-Auxois

La légende veut que la ville ait été fondée par le héros mythologique Hercule, qui aurait creusé la roche à mains nues !
Quel incommensurable honneur qu’un dieu si puissant ait songé à la créer !!

😉 Et quel plaisir d’étudier le français chez cet invincible immortel !

Hercule pour les romains, Heraclès pour les grecs, est le seul héros honoré dans l’ensemble du monde grec et le seul humain à avoir gagné l’immortalité parmi les dieux de l’Olympe.
Hercule jouissait en effet de la faveur divine des dieux de l’Olympe – il les avait aidés dans leur combat contre les Géants – et il était particulièrement favorisé par Athéna.

Fils de Zeus et d’Alcmène, Héros (nom des demi-dieux), il fut poursuivi dès sa naissance par la haine d’Héra, épouse de Zeus et furieuse qu’il l’ait trompée.
Elle envoya tout d’abors deux serpents pour tuer le nouveau-né Hercule, mais le bébé les étrangla facilement. 

Puis, elle le rendit fou pour qu’il tue sa femme Mégara et ses 3 fils. Ayant recouvré la raison et pétri de remords , il demanda à Apollon par l’intermédiaire de la Pythie , comment expier sa faute. 
Laquelle lui ordonna de se mettre au service d’Eurysthée, son cousin et  plus vieil ennemi, et d’accomplir les tâches qu’il lui imposerait.
Celui-ci, sur les conseils d’Héra et souhaitant se débarrasser d’Hercule, choisit soigneusement 12 travaux qu’aucun homme normal n’eut été capable d’accomplir. 
Mais Hercule, demi-Dieu et  doté dès sa naissance, d’une force incroyable les réalisa tous même s’il lui fallut plus de 8 ans qui le firent voyager dans toute la Grèce.

Le noeud d’Hercule, un joli bijou à offrir

Le « nœud d’Hercule » est souvent présent dans l’art grec et romain comme symbole de protection et de lien étroit entre un homme et sa femme.
Il attachait la ceinture des mariées à Rome que l’époux seul devait délier sur le lit nuptial.
Hercule l’avait fait pour attacher les pattes de la peau de lion de Némée qu’il avait terrassé et qui lui servait d’armure invincible.

Le « nœud d’Hercule » est souvent présent dans l’art grec et romain comme symbole de protection et de lien étroit entre un homme et sa femme.
Il attachait la ceinture des mariées à Rome que l’époux seul devait délier sur le lit nuptial.
Le porter en bijou était une manière de s’approprier un peu de la force du héros. 
Et son visage  écartait les maladies et tous les autres maux : ce motif était donc aussi protecteur.

Encore

aujourd’hui, lors de certains bandages, il est préconisé aux secouristes de faire ce noeud, appelé aussi « noeud plat ».

Et si voulez tout savoir sur Hercule et ses 12 travaux

À bientôt !! 🏰

J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse – Rimbaud

clochettes muettes qu’Apollon a fait naître pour offrir à ses neuf nymphes un tapis parfumé et doux à leurs pieds nus.

La campanologie, ou l’étude des cloches, montre que la cloche est l’un des plus anciens instruments sonores connus. 
Instrument universel dont la longue portée acoustique sert à communiquer au loin, soit avec des hommes, soit avec des dieux.
Longtemps en effet ,qu’il s’agisse de croyances païennes ou chrétiennes, les hommes ont cru, plus ou moins confusément, que les cloches avaient une âme et une voix divine.
Pour maîtriser le temps en le mesurant et pour conjurer l’angoisse plus forte de la mort, l’homme a attribué aux cloches un pouvoir magique ambivalent, entre menace et protection.

Les cloches sonnent depuis plus de 8000 ans… dans le monde entier.

Elles sont apparues au Néolithique, lorsqu’après avoir découvert le feu, l’homme a appris à durcir l’argile et constituer ainsi un vase sonore en le percutant.
Les premières cloches métalliques remontent à l’âge du bronze, et l’on a retrouvé les plus anciennes mentions en Chine il y a 6000 ans, mais également en Amérique du Sud, au Japon, en Corée où l’on voit la plus grande cloche bouddhiste conservée à ce jour.

Chez les Grecs, les cloches étaient déjà très appréciées pour le son qu’elles produisaient, mais également pour la sécurité de l’âme qu’elles apportaient.

Dans l’Antiquité romaine, un tintinnabulum était un objet muni de clochettes, répondant à différents usages : annonce de l’ouverture des bains et des marchés, avertissement (au cou des condamnés, des têtes de bétail, clochettes à vent), instruments de musique (grelots);
accrochés à un sanctuaire, un jardin ou une maison, ou agités à la main, les tintinnabulaservaient t à guérir des malades, apaiser la colère des dieux, conjurer le mauvais sort et détourner les influences maléfiques

♦️ le verbe tintinnabuler vient de ce mot latin : produire un son léger aux harmonies aiguës et cristallines, comme par exemple, 

風鈴Furin : les clochettes du vent au Japon tintinnabulent délicatement au moindre souffle de vent .

En Gaule, l’usage des cloches s’est ensuite répandu au fur et à mesure de l’implantation des cités construites par les Romains et ont remplacé peu à peu l’usage du simandre (plaque de bois frappée avec un maillet). 
Elles étaient fondues ou battues, c’est-à-dire en bronze ou en fer.

Comme les romains, les chrétiens firent de la cloche un symbole d’appel et de ralliement dans les églises, d’avertissement à l’extérieur et Charlemagne les généralisa.

La tradition veut que ce soit l’évêque saint Paulin de Nole (353-431) qui ait installé les premières cloches dans les églises. Nole est une ville de Campanie qui donna son nom aux cloches (campana). 

Le mot cloche, par contre, vient « du bas latin clocca, attesté en 550 dans le domaine anglais et importé sur le continent par les moines irlandais évangélisateurs de l’Europe »).

Les fondeurs de cloches sont des moines. Toutefois, dès le VIIIe siècle, de fondeurs itinérants laïcs apparurent. Ces fondeurs ou « saintiers » se déplaçaient pour effectuer le travail sur place et éviter le travail d’acheminement des cloches. De grandes voitures amenaient personnel et matériaux sur le lieu de la coulée.

Mais il faut attendre le XIIIe siècle pour que les progrès de la technique permettent d’en fondre de grande taille : la plus grosse cloche actuelle en France est la Savoyarde, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, avec ses 19 tonnes. On les appelle aussi bourdon, à cause de leur son grave.
Et, bien sûr, il y eut les sonneurs de cloches, métier qui nécessitait une véritable savoir: il faisait sonner le bourdon pour les heurs, volée de cloches pour baptêmes et mariages,  le glas pour les décès et le tocsin pour sonner l’alarme .

Victor Hugo a fait de l’un d’eux , Quasimodo, le personnage principal de son roman Notre- Dame de Paris.

Sur les anciennes cloches d’église, on trouve souvent ce message écrit .

« Je pleure les morts, je brise le tonnerre, j’annonce les vacances, je réveille les paresseux, je disperse les vents, j’apaise les querelles. »

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À bientôt ! 🔔🔔

 Le conte, une trêve au combat des hommes.  Daniele Pennac 

J’aime les contes et les légendes : ils portent en eux une sagesse de l’être humain, l’étude de l’homme même, et l’idéalisation d’une impression, forme effacée ou altérée de quelque souvenir collectif ou de faits historiques, à ce point même « qu’ils sont la seule histoire des premiers âges ».

On parle beaucoup de Blanche-Neige en ce moment mais sans s’intéresser vraiment à sa très belle histoire qu’il serait dommage de défigurer.
J’ai donc cherché à la connaître mais je reconnais m’être contentée de copier le passage suivant : 

“Blanche Neige et les Sept Nains », le tout premier film en animation traditionnelle de Walt Disney sorti en 1937.

Il était une fois un producteur de cartoons qui désirait créer quelque chose d’inédit dans le monde de l’animation, quelque chose de grand…

C’est en 1934 que Walt Disney commença à parler de son projet de long métrage d’animation à ses artistes, il choisit pour cela d’adapter le merveilleux conte des frères Grimm, Blanche Neige et les Sept Nains. Cela faisait longtemps que Walt Disney voulait adapter ce conte à l’écran. En 1916, il découvrit au cinéma une version muette du conte avec Margerite Clark dans le rôle de Blanche Neige. 

C’était le premier film qu’il vit au cinéma et celui-ci le marqua à jamais.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, Blanche Neige et les Sept Nains n’est pas le premier long métrage d’animation jamais réalisé pour le cinéma, mais le quatrième.
Il est toutefois le premier réalisé en animation traditionnelle (décors peints et celluloïds).

Après trois années remplies de craintes et de doutes (tout l’argent des studios était parti dans ce projet), la production de Blanche Neige et les Sept Nains était terminée. Le film fut présenté en avant-première le 21 décembre 1937 au Carthay Circle Theater de Los Angeles. Toutes les célébrités d’Hollywood se déplacèrent pour découvrir l’œuvre majeure d’un homme que l’on considérait déjà comme hors du commun.

Blanche-Neige aurait-elle réellement existé ?

“Il n’y a pas de plus beau fil que celui des fileuses de lune. »
Comme tous les conteurs, les frères Grimm, au début du XIXe siècle, se sont souvent  inspirés d’histoires réelles.
Et voici qui résonne de manière fort troublante :

Il était une fois, au XVIème siècle, une petite fille noble, Margaretha von Waldeck qui perdit sa maman alors qu’elle n’avait que 4 ans.
Son père, le comte de Waldeck-Wildungen, protestant influent du Saint-Empire romain germanique, alors en proie à de graves conflits religieux, se remaria trés vite avec Katharina von Hatzfeld, aristocrate catholique connue pour sa beauté mais fort cruelle avec l’enfant qui grandit sous sa méprisante autorité. 

La « méchante reine » aurait-elle été jalouse de Margaretha devenue une merveilleuse jeune fille à la peau de porcelaine, aux lèvres vermeil et aux cheveux d’un blond éclatant ?

À 16 ans, elle fut enfin libérée de l’emprise de sa marâtre car son père décida de l’envoyer parfaire son éducation à la cour raffinée de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, qui gouverne les Pays-Bas espagnols.
Il espérait ainsi renforcer ses relations avec la dynastie la plus puissante de l’époque et permettre un beau mariage pour sa fille.
Philippe II, fils de Charles Quint, prince du sang et héritier du trône, tomba immédiatement sous le charme de Margaretha et une très belle histoire d’amour naquit entre les deux jeunes gens.

Merveilleuse mais, hélas, impossible. Margaretha était protestante et d’un rang trop inférieur pour devenir l’épouse de l’empereur catholique, futur roi d’Espagne.
Et la fin fut tragique : à 21 ans, la jeune fille fut emportée en quelques jours par une mystèrieuse maladie… si subite et si étrange que certains l’attribuèrent à un  empoisonnement, sans doute à l’arsenic… Son testament, rédigé d’une main tremblante, alimenta les soupçons.

Assassinat politique ? Par sa belle-mère ? Nul ne le saura jamais.

La marâtre, la jalousie, la beauté, le poison, la mort qui rôde, quelle troublante ressemblance avec Blanche-Neige et… les 7 nains.

Oui, les 7 nains entourent également la jeune Margaretha !

En effet, son père exploitait des mines de cuivre où travaillaient de nombreux enfants regroupés par groupe dans des maisons dédiées. Les conditions de travail dans les galeries basses étaient telles qu’ils étaient atteints de déformations et de retards de croissance, si bien que ces jeunes mineurs étaient appelés « nains ».

Les Bruxellois sont convaincus que la « vraie » Blanche-Neige repose sous leurs pieds. En effet, Margaretha von Waldeck a sans doute été inhumée au couvent des Récollets ou dans l’église, sous la place de la Bourse actuelle. Mais 10 000 inhumations furent enregistrées chez les frères Récollets et sa dépouille n’a pas été retrouvée.

À bientôt ! 🍎🍎🍎